Le cinéma est mort... Vive la télé! m'exclamé-je après ingestion complète (presque non-stop, une soixantaine d'heures en un peu plus d'une semaine) de the wire. George Pelecanos et Dennis Lehane, pour ne citer qu'eux, ont participé à l'écriture du scénario. (Pelecanos en est d'ailleurs aussi producteur.) J'ai passé pour ainsi dire une grosse semaine à Baltimore. J'y ai suivi des policiers plus ou moins disciplinés essayant de coincer plus ou moins légalement des dealers avec ou sans code d'honneur. J'ai suivi des dealers, de plus en plus jeunes, dans leur business. Des politiques plus ou moins corrompus, des journalistes plus ou moins honnêtes, des junkies, des barons de la drogue à 20 ans et des tueurs parfois à 10 ans, des dockers plus ou moins au chômage, l'argent qui va dans toutes les poches, circule même comme le sang dans les veines de la ville, des gentils qui deviennent méchants, ou qui sombrent, des méchants parfois vraiment méchants mais quand on creuse un peu on comprend qu'ils jouent un rôle, dans la rue, c'est leur jeu, d'ailleurs ils appellent ça Le Jeu, c'est leur vie et les flics aussi c'est leur vie, la rue, ce jeu. Et les règles du jeu parfois changent. Une génération chasse l'autre. On mûrit parfois très vite, dans la rue. Tout va tellement vite, à notre époque. C'est magistralement écrit. Tout s'imbrique. Toutes ces vies dépendent les unes des autres. C'est comme un organisme. On pourrait croire que c'est long, soixante heures, pour une fiction. Mais il n'y a rien de trop, c'est ce qu'il fallait, on a eu le temps de s'imprégner de l'odeur de la rue, de regarder vivre et mourir une multitude de personnages, de comprendre, de s'attacher puis d'être en deuil, de laisser se développer certaines tragédies qui sinon auraient été bien trop vite expédiées. On a bien ri, aussi, parfois... Deux détectives absorbés dans une scène de crime ne sachant dire que fuck à tour de rôle pendant au moins cinq minutes... Fuck... Fuck... Fuck!... fuuuuck... Scène d'anthologie... On a aimé aussi certaines crapules, surtout Omar, le braqueur homosexuel de dealers... Et Bubbles, le junkie... J'en suis encore sur le cul.
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