J'ose à peine en parler. Il faut dire que c'est un peu gênant... Voilà comment ça s'est passé... Nous nous sommes rencontrés, je ne sais plus très bien où, une soirée, il y avait pas mal de monde je crois, pas mal de bruit et de fumée. J'ai tout de suite été captivé par son regard. Je ne voyais maintenant plus qu'elle se détachant dans la fumée et ne percevais plus qu'un très subtil acouphène dans le silence cotonneux. Une petite brune un peu garçonne, jolie, pétillante, plutôt fine. Elle me dévorait gentiment des yeux. Je la dévorais également. Encule-moi, m'a-t-elle dit en guise de préambule, tendrement, innocemment, les yeux dans les yeux, comme elle m'aurait dit embrasse-moi... C'est même la première chose qu'elle m'a dite, quand je suis arrivé tout près d'elle et qu'on s'est retrouvés les yeux dans les yeux... Ça m'a un peu gêné, au début, je l'ai trouvée quand même très directe... S'il te plaît, a-t-elle supplié, avec une petite moue désarmante... Finalement, pourquoi pas, me suis-je dit, et lui ai-je dit, si tu y tiens tellement... Il faut préciser que ça n'avait rien de vulgaire, dans sa bouche... Je lui ai quand même fait remarquer qu'il y avait beaucoup de monde, qu'on ne pouvait pas faire ça comme ça aussi simplement devant tous ces gens même si j'étais bien conscient qu'ils n'existaient pas vraiment, tous ces gens, parce que les gens, ça n'existe pas vraiment, mais quand même... Devant tant de pudeur, elle a éclaté d'un rire joyeux... Et nous sommes partis... Elle a glissé gentiment son bras sous le mien... On allait trouver un endroit plus propice... Bien... En chemin, je l'ai sentie à un moment soucieuse et elle a voulu alors me présenter à son père... J'ai fait un peu la grimace... Allez, quoi, c'est juste à côté, viens, il est gentil tu verras... Et puis ça devenait sérieux nous deux, il était temps qu'elle me présente à son père... Elle n'avait jamais présenté un garçon à son père, pour dire que ce n'était pas rien, elle et moi... Ça m'embêtait un peu car je n'aime pas trop les pères, en général, je trouve qu'ils me regardent toujours un peu de travers, je ne sais pas pourquoi... Mais j'ai fini par céder... C'est vrai que nous deux, ça devenait sérieux, à un moment ou un autre il aurait bien fallu que je rencontre son père... Tu m'enculeras après, t'inquiète pas, m'a-t-elle rassuré... Bon... Nous nous sommes rendus ainsi chez son père. Il faisait déjà jour. On était même dimanche midi. Son père habitait sur les boulevards, à Paris. Ça circulait beaucoup. L'appartement était un peu bruyant. Les vitres tremblaient. Au début, j'ai fait un peu la grimace, car son père c'était Le Pen. (Moi qui avais toujours cru que ses filles étaient blondes et athlétiques...) Au bout d'un moment, je me suis quand même détendu, je l'ai trouvé même bien sympathique, son père, drôle, chaleureux... A la fin, on s'entendait même comme si ensemble on avait fait l'Algérie... Après le repas, elle m'a montré sa chambre, une chambre d'adolescente bien sage, toute bien rangée, elle était assise au bord du lit, toute timide soudain, me confiant que j'étais le premier homme à entrer dans sa chambre... (Au mur, j'ai remarqué ma photo...) Ton père n'est jamais entré?... Baissant la tête, elle a alors un peu rougi... Puis il était temps de s'en aller... On a fait nos adieux à son père... C'était émouvant... On s'est même embrassés... Dans la rue, elle a glissé tendrement son bras sous le mien, j'étais content, elle aussi était contente, son père ne m'avait pas rejeté, on était bien, la vie était belle, il y avait un grand et beau soleil, j'allais enfin pouvoir l'enculer...
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