Pénurie... D'images. Après les raclures toutes sales de fonds de poches qui ne peuvent engendrer que de la merde que je m'empresse alors de refouler, de pousser d'un cran vers l'oubli, dans ce chiotte cybernétique parmi tant d'autres se déversant dans cette gigantesque fosse sceptique électronique — non... non non... je ne suis pas comme ça... il ne faut pas croire... pas tant cafouilleux, pas tant immature... même si quand même un peu... c'était juste un moment, quelques moments, à cause des images, surtout, si moches... — pas celle-là, les autres, avant, les raclures... — après les fonds de poches, donc, les fonds de tiroirs, les fonds de boîtes... Le laid n'engendre que le laid, de toute façon... Mais parfois, quand même, comme un miracle, une beauté à couper le souffle naît de parents affligés des pires difformités, tant physiques que mentales, je ne parle pas pour moi, dont les parents n'étaient pas difformes, il me semble, d'ailleurs je ne sais plus de quoi je parle, un souvenir presqu'effacé je crois, d'une jeune fille, il y a bien longtemps, il me semble, tellement gracieuse, avec des parents tellement tout le contraire, on imagine, plus proches de la bête — et pas de la bête du tout aimable ni encore moins gracieuse — que de l'humain... mais peut-être que ce n'était que dans un film, ou dans un livre, ou dans un rêve... on finit par tout mélanger... C'est comme ce type, cet artiste, il paraît, qui se donnait en spectacle en s'exposant à poil peint tout en rouge... (Pour cacher sa confusion?...) C'est parce qu'il s'est mis à faire froid, je n'ai plus d'images, les doigts engourdis, comme des peaux devant les yeux comme un lézard... introperdition plutôt qu'introspection... je prends alors ce qui vient, ce qui reste... (Ma lectrice va finir par se lasser, comme les autres, de toutes mes conneries...) Et les spectateurs, alors, ébahis... Ah!... Quel artiste!... Quelle performance!... Le zob et le cucul à l'air!... Tout peint en rouge!... C'était génial... Si t'avais vu... À poil, le type, complètement... et peint en rouge!... T'imagines?... En rouge!... Bon Dieu... Il fallait oser, quand même... Bientôt — ça a peut-être et même sans doute déjà eu lieu — un autre artiste va se pointer, peint lui tout en marron, sur la scène, et va poser sa pêche, comme ça, publiquement, en forçant bien, lune bien éclairée comme une diva a capella... Et la salle hystérique d'applaudir à tout rompre... Voilà, le spectacle vivant... l'art contemporain... et même peut-être la littérature, qui sait... ce qu'il ne faut surtout pas louper... pour pas crever ignorant tout de même... Oui oui, j'y étais... Ah... c'était formidable... si t'avais vu ça... et senti!... Tout y était!... La condition de l'homme... la divine comédie... rien moins... Dix fois que je revois le spectacle et je ne m'en lasse jamais... Mais ça remue, hein... pas pour les petites natures... Alors moi, à côté, ce n'est pas de l'art, évidemment, je n'ai pas cette prétention... Pas non plus une performance underground pour affranchis... Je ne suis pas peint en rouge, moi, même si ça m'est déjà arrivé, de me peindre en rouge... Mais là, non, pas besoin... C'était juste l'heure du bain... Car il y a une heure pour tout...
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