Je ne me souviens plus du début, mais je connais déjà la fin. Car c'est toujours la même fin. Je pensais, à une époque, que j'y arriverais, que j'étais fait pour ça. Être fait pour ça, quelle drôle d'idée. Ça quoi? Ça. Je pensais même que ma voie était toute tracée. Je ne sais pas comment m'est venue cette idée. Une pente, un arbre mort, une trace. Ce qu'on ne voit plus, c'est l'adversaire. La trace, c'est celle qu'il a laissée en tombant. Il est sorti du cadre. Il a disparu. On oublie qu'il a été là. On oublie que la trace c'était la sienne, son corps inerte qui a roulé en bas de la pente. Je pensais, à une époque, que j'y arriverais. Que j'arriverais où? En bas de la pente? Ou bien à quoi? Sortir du cadre? Disparaître? Celui qui reste, c'est l'adversaire. L'adversaire de celui qui a disparu. L'adversaire de l'adversaire qui n'est plus et dont c'est la trace, dans la neige. Il regarde la trace qu'a laissée son adversaire en roulant. Au bout d'un moment, il oublie que c'est la trace qu'a laissée son adversaire en roulant. Parce que l'adversaire est sorti du cadre. A disparu. Il n'y a plus que la trace. Il se dit alors que c'est sa voie, peut-être, et qu'elle est toute tracée. En haut, de toutes façons, il n'y a rien. Il faudra bien redescendre, à un moment ou à un autre, même si en bas non plus il n'y a rien.
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