Archie Mayo est mon ami, me dis-je, après the black legion, 1937. On n'en parle pas beaucoup, il me semble, d'Archie Mayo. On dit souvent que c'est Raoul Walsh, qui a permis à Bogart d'être enfin Bogart, dans high sierra, 1941. Avant, il servait surtout de faire-valoir à James Cagney ou Edward G Robinson dans des films de gangsters, c'était même le salaud le plus répugnant, le traître, le sournois, brutal, sadique, pas du tout sympathique, qu'on voyait aussi dans des rôles improbables à la Bela Lugosi comme dans the return of doctor X de l'excellent Vincent Sherman. Toujours impeccable. Archie Mayo est mon ami, disais-je. D'abord dans la forêt pétrifiée (1936), puis dans the black legion, il a mis Bogart au centre. Alors, on a regardé Bogart. Il ne servait plus à en faire briller un autre. Il n'y avait plus que lui. Il n'était pas encore le Bogart minéral qu'on verra par la suite. Mais il n'était déjà plus le salaud répugnant des débuts. Il est ouvrier. Plein de ressentiment, il adhère à la légion noire, des nazis en cagoules et chemises de nuit façon Ku Klux Klan qui disent l'Amérique aux Américains et font des virées sauvages en voitures, comme au bon vieux temps de naissance d'une nation... C'est un bon gars, à la base, puis il tombe là-dedans... Il ira jusqu'à tuer son meilleur ami... Il y avait qui d'autres sous les cagoules en ce temps-là?... Il y avait Ford, pas le grand John, mais celui des bagnoles, qui était même membre d'honneur du NSDAP, mécène, copain d'Hitler... Il y avait aussi IBM, qui fournissait aux nazis l'ancêtre de l'ordinateur, une machine à fiches perforées, idéale pour le comptage des Juifs et des Tziganes... Et tant d'autres... Bref, l'Amérique ne savait pas encore très bien sur quel pied danser... C'est donc un peu un film de propagande anti-nazis, the black legion... avant que l'Amérique choisisse nettement son camp... Mais ce n'est pas que ça... Il y a un très beau travelling, de nuit, dans les bois... Une fluidité... (Archie Mayo, mon ami, a fait aussi Moontide, que j'aime beaucoup, le seul rôle potable de Gabin à Hollywood, avec peut-être l'imposteur, de Duvivier, pour dire qu'il était toujours bien, puisqu'il n'en a fait que deux.)
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