dimanche 11 décembre 2011

J'ai la tête vide. Dure, plate et vide. Et ronde. J'ai l'air parfois de réfléchir. Mais je ne réfléchis pas. Je ne réfléchis rien. J'absorbe. Comme un trou noir j'absorbe. Tout se perd dedans, dans ma tête dure, plate et vide. Et ronde. Ça ne devient rien. Ça ne se reforme pas de l'autre côté. Parce qu'il n'y a pas d'autre côté. (Une bouche, mais pas de trou du cul.) Ça se perd, dedans, nulle part, car dedans il n'y a rien, il n'y aura jamais rien, c'est ainsi, même si certains vous diront qu'il y a quelque chose, qu'il y a même tout un monde en fait et que rien ne se perd, il n'y a rien, dedans, en fait, c'est tout vide et tout ce qui est absorbé dedans devient rien, se dissout dans ce rien, ce rien qui a toujours le même volume, toujours la même densité, c'est à dire qu'il n'a aucun volume et n'est qu'indensité. S'il n'y avait pas mes mains, ma tête tomberait, c'est cela qu'il faut voir, l'important ce sont les mains qui maintiennent ma tête dure, plate et vide et ronde qui sinon tomberait et on se trompe en pensant que derrière il y aurait un visage car derrière il n'y a rien, il n'y aura jamais rien, c'est ainsi et ceux qui croiront voir un visage, un regard, se feront une fois de plus abuser car il n'y a rien, il n'y aura jamais rien. Ce sont les mains, qui maintiennent l'illusion de la tête. Elles maintiennent jusqu'au moment où elle lâchent, car c'est lourd, une tête, même si c'est une tête vide, ça finit par peser, au bout d'un moment. Alors la tête tombe, roule le long du chemin, va se perdre dans les herbes, descendre les ruisseaux, les rivières, jusqu'à la mer peut-être avec beaucoup de chance. Les mains alors sans tête s'en vont en quête d'une autre tête. C'est leur seule raison d'être, trouver une tête, la maintenir un certain temps, jusqu'au moment où elles la lâchent, parce que ça devient trop pesant, passé un certain temps.

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