Qui se souvient encore de Janet Gaynor et de Charles Farrell? Et de Frank Borzage? C'était du rêve. Pur. Du temps où le cinéma ne parlait pas. Ils ouvrent la bouche, on peut parfois lire un peu sur leurs lèvres, ça suffit bien. On ouvre bien grand les yeux. C'est même comme si on se réveillait, quand on regarde Lucky Star, comme si on se réveillait d'un très très long sommeil, lourd, sans rêves. On est ailleurs, enfin, pas juste un peu ailleurs, mais totalement ailleurs. Les bouches en disent bien plus et surtout bien mieux lorsqu'aucun son n'en sort. Alors, on ouvre les yeux, bien grand. Les oreilles, c'est fait pour entendre la musique, quand il y en a. Pour voir, il y a les yeux. On est là pour les voir, pour regarder, pour être dans ce rêve muet. (Si on veut les entendre parler, qu'on aille au théâtre.) A la fin, on n'est pas plus intelligent, ni plus malin, on a juste rêvé. Le propos est tellement simple. L'intrigue, il n'y en a pas vraiment. Il lui a lavé longuement et vigoureusement les cheveux avec des œufs. C'était drôlement beau, drôlement émouvant et sensuel. (Dans 7th Heaven, c'est elle, qui lui coupait les cheveux...) Des petites choses comme ça... Parce qu'il n'y a que les petites choses comme ça qui comptent vraiment... Ça vaut toutes les intrigues... Comme elle était gracieuse, Janet Gaynor... A la fin, il se traîne, avec ses béquilles, interminablement, dans une tempête de neige, pour la retrouver... Voilà, le rêve... On sait que ce n'est pas réaliste, qu'il ne peut pas retrouver l'usage de ses jambes si vite et dans de telles conditions... Un miracle?... On appelle ça comme on veut. Un rêve. C'est beau. C'est simple et lyrique. Ça fait pleurer. Ça suffit bien.
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