Tout ce qui me dérangeait dans le cinéma de Gaspar Noé, ce voyeurisme, cette sorte de complaisance dans le malsain, s'est évanoui en voyant ce film. Ou plutôt en le vivant. C'est psychédélique. Un trip. Si on considère que son monde underground et même hardcore est malsain, ce sera un mauvais trip. Il faut le vivre par delà le bien et le mal, comme son premier opus très réussi et très dérangeant : carne. Si l'on se place du côté de la morale, c'est fini, il n'y aura pas de voyage. On restera dehors. Enter the void, peut-être le plus grand et plus beau film de ces dix dernières années. Gaspar Noé a trouvé. On peut se demander ce qu'il pourra encore filmer après. On pense évidemment à 2001, de Kubrick. (Son film culte.) The tree of life, de Malick, est à ranger dans la même catégorie cosmique très rare. Chacun avec ses images, son monde, son style, dit finalement la même chose. Pas besoin d'être soi-même adepte des drogues dures et du sexe de back-rooms, pour entrer, comme on n'a pas besoin d'être chrétien à tendance mystique pour entrer chez Tarkovski. La forme est en parfaite adéquation avec le fond. Car c'est la même chose, la forme, le fond. Un grand film psychédélique rythmé par des battements de cœurs technoïdes. Si on ne sait pas entrer, c'est la nausée. Si on commence à réfléchir à la situation, à se regarder dans le miroir, on prend mal au cœur et on tournera bientôt de l'œil. Il faut le prendre pour ce qu'il est, ce film, une expérience. S'y abandonner. Soit on l'accepte, soit on le rejette. On vous offre du LSD, en somme. On flotte. Et en même temps tout va tellement vite. C'est d'une grande beauté, en tout cas. Ça renvoie à l'enfance, qu'on a vécue, qui est toujours dans notre cœur.
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