De ma fenêtre, vers les 18 heures. L'anxiété me réveille, en ce moment, vers les 8 heures du matin. C'est la saison. Rien, j'ai envie de répondre à chaque fois. Parfois, d'ailleurs, je me permets, je le dis : Rien. Une formation, ils sont bien gentils, eux, à vouloir me former. Et pourquoi d'abord faudrait-il être formé? Ma forme me suffit bien. Ou bien alors je serais informe? Oui, peut-être, sans forme, comme le Tao, à la rigueur, dans les bons jours. Je me regarde, parfois je me trouve beau, quand je ne me reconnais pas, quand je suis fatigué souvent, vague, pas assez dormi, l'anxiété qui m'a réveillé vers les 8 heures du matin quand je visais plutôt midi pour être en forme, toujours cette question de la forme, mais moche, aussi, parfois, quand je me reconnais, trop net. Alors le type, demain, va me demander : Alors, vous en êtes où? Nulle part, je crois bien, je vais lui répondre. Me former. Il aimerait bien. Il me trouve très intelligent, vif, parfois un peu moqueur, mais informe. Ses tests le prouvent, j'ai toutes les qualités, pour être formé, je suis tout en haut, même si je commence quand même à être un peu vieux. Quand il a analysé mes résultats, il s'en étranglait : Ah!... Et là, la moyenne est à tant et le maximum à tant et vous... hum?... vous êtes à tant!... Tout ce que je pourrais faire, alors, toutes les formations et donc toutes les formes que je pourrais prendre... Toutes ces formes possibles finissent par m'embrouiller la cervelle et me travailler les viscères parce qu'il faudrait en plus que je me dépêche... Mais moi, je veux seulement être tranquille, je lui dis, je ne demande pas grand chose... Je ne vais quand même pas m'engouffrer dans n'importe quel cauchemar juste pour lui faire plaisir... C'est vrai qu'il a l'air malheureux, et tout maladif, tout rabougri, tout poussiéreux, le teint cireux... Le travail... le travail... Honnêtement, je lui dis, la sieste, vous n'auriez pas quelque chose dans ce domaine?... Ça le fait sourire. Faut bien sourire un peu. Il croit que je plaisante. Mais non, vraiment, c'est pour ça que je suis fait, je vous assure, c'est même je crois dans ma nature, ça ne m'a pas pris sur le tard, dès le début j'étais mûr, je ne vois rien de mieux... beau me creuser la tête... Je suis pourtant plein de bonne volonté... Après, on va fumer une clope, il a une mauvaise toux persistante, des problèmes pulmonaires il me dit... Il fait peine à voir, tout ratatiné, comme s'il était malade et malheureux et miséreux pour les autres et vraiment très mauvaise toux... Gardien de phare, je lui dis, ça m'aurait bien plu ça, mais il n'y en a plus il paraît, ou alors peut-être qu'il y n'en a plus qu'un, pour la forme, à Ouessant peut-être, faudrait que je me renseigne, il est peut-être proche de la retraite, on lui cherche peut-être alors un successeur... Il opine gravement de la patate... Vous m'imaginez? Tranquille, dans mon phare, tout en haut... Ah oui... ça... j'aurais aimé... tout en haut... la mer... le vent... Je l'aime bien, malgré tout, il me rappelle mon oncle Dudu, pas un rigolo le Dudu, ou alors malgré lui, mais bon fond... Et puis il est de Saint-Étienne, comme le Dudu... On dirait qu'il sort des années 70, sinistré comme la ville... Il me rappelle le catalogue Manufrance, l'amicale bouliste, le pépé qui remontait du jardin, le Dudu qui faisait ses scrabble, tout seul, l'après-midi, sur sa table de cuisine... Et la rue de la Jomayère, vous voyez?... Bien sûr, il me dit, je suis de la Ricamarie, juste à côté... (Ah... la Ric..)
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