Levant le nez de mon brand's haide : Quand même, il exagère... avec un petit ricanement — uh uh uh — intérieur... Le salaud, il m'a tout pris... me malaxant le lobe de l'oreille droite... Un cas de plagiat à rebours... Oui oui, tout, le scélérat, sans même me laisser le temps d'en placer une. J'étais autrefois sur le point de me lancer, quand... Je vois alors, à bâbord, se profiler la petite vieille qui démégote le trottoir. Elle est courbée, son regard perçant d'échassier scannant le bitume, grommelant, lèvres minces et sèches comme un coup de crayon, ses pattes d'échassier également. Alors je la regarde arriver. Lentement. Du pied droit elle expédie chaque mégot haineusement dans le caniveau. J'allume une cigarette, ingurgite le fond de mon café infect et froid en grimaçant, puis : Ah... le soleil... en fermant les yeux et m'étirant les bras... Une fille saoule à côté n'a pu retenir sa tête qui a cogné lourdement la table et ça m'a fait sursauter... Plus de peur que de mal, heureusement, ça a semblé la tirer de sa torpeur, elle s'est frotté un peu le front rougi avec un sourire gêné idiot de tous côtés... J'ai fait celui qui n'avait pas vu, pas entendu... Pas la gêner plus... (Plus tard, elle s'est endormie...) Ah!... elle en a oublié un!... mais qui était un peu en retrait... revenant à ma petite vieille démégoteuse... Ah!... Pfffff... Ah!... Chhhh... Qu'elle fait, en passant, genre de locomotive à vapeur au ralenti... shootant dans les mégots... Un sport, je me dis... Ça la maintient... Tout du pied droit... Et elle a disparu. Je la vois souvent. C'est son quartier, son trottoir et elle abomine les mégots. Des années que je la vois, courbée, sifflant entre ses lèvres serrées des horreurs pas même articulées et le bruit de son soulier... Tac... Tac... Fffff... Tac... Ffff... Ils ne mettent pas de cendriers sur les tables, à cette terrasse... Il y a de quoi faire... Elle ne lève jamais le nez... Plus tard, je la vois qui revient, à tribord, avec son pain... Cette fois, tout du pied gauche... C'est bien, elle muscle les deux côtés... Je me souviens alors du mégot que j'ai pichenetté devant moi sur le trottoir... J'ai presque honte, soudain, pas loin d'aller ramasser l'infâme subrepticement et l'enfouir dans ma poche comme on faisait à l'armée... (Ma poche puait le tabac froid...) Mais bien trop engourdi dans ma flemme solaire pour agir... Ce n'est qu'un mégot, une roulée c'est plus discret, si ça se trouve elle ne le verra même pas... Tac... Tac... Fffff... le mégot s'envole superbement et va percuter une jante de voiture avant de mourir dans le caniveau... Elle est forte des deux pieds... Je la regarde qui s'éloigne en maugréant... M'étire une fois encore en me frottant les bras et en bâillant... (Entre temps, le soleil s'était empêtré dans les branchages encore nus...)
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