Un peigne. Un peigne ordinaire. Ce n'est pas vraiment le mien. Quand elle est partie, elle a voulu tout récupérer, absolument tout, y compris les petites choses qu'elles m'avait données, y compris les photos que j'avais prises, y compris les souvenirs dans ma tête. Si elle avait pu arracher ces quelques jours du passé comme quelques feuilles d'un cahier, elle l'aurait fait, rageusement. (Quand elle m'avait demandé si je voulais récupérer le Ramuz que je lui avais offert et qu'elle ne lirait de toutes façons jamais, je lui avais dit doucement que je ne reprenais jamais ce que j'avais donné et elle avait voulu être cruelle en répétant emphatiquement ma phrase et finalement c'était bien elle la plus blessée. Laisse-le sur un banc... Ou fous-le à la poubelle... je lui avais dit gentiment, dans un haussement d'épaules, pour clore le chapitre.) Mais elle a oublié son peigne. Elle l'avait acheté un jour où elle voulait se laver les cheveux. Elle m'avait demandé alors un peigne. Vu l'état du mien, dont je ne me servais jamais car je ne suis pas du genre à me peigner, qui avait pris la poussière, tout gras sous l'évier à côté de la poubelle, où il a fini, elle était allée acheter un peigne au supermarché en bas. Un peigne tout simple, le premier prix elle m'a dit, un peigne quoi. Alors je l'ai gardé. Ce n'est pas vraiment mon peigne, mais depuis que je l'ai, parfois, il m'arrive de me peigner, après m'être lavé les cheveux. Je prends mon temps, je pense à la fille au peigne, la Niña de los Peines... Il est toujours tout propre, car j'en prends grand soin, comme si ce n'était pas le mien, car le mien je le laisserais s'encrasser sous l'évier, puisque je ne suis pas du tout du tout du genre à me peigner. En même temps, ce n'est pas vraiment son peigne. Elle ne s'en est servi qu'une fois. C'est juste un peigne.
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