Il me dit que c'est toujours pareil au début. Elle lui plaît. Il la regarde. Il en a envie. Elle le provoque, aussi, elle prend des poses, elle fait des moues, lui envoie toutes sortes de signaux qui sont le secret de la femelle pour attirer le mâle. Il en a de plus en plus envie. Jusqu'au moment où il ne tient plus et il fonce, toujours plus ou moins avec une pomme d'arrosoir sur la tête et même une grande, très grande pomme d'arrosoir. Il a l'air con, vraiment con, mais tant pis, faut qu'il y aille. Il se rue. Se retrouve bientôt au bord d'un océan, vaste océan, comprend qu'elle est de l'autre côté du très vaste océan et que ça n'est pas gagné, que ça n'est pas un mince obstacle, quand il la croyait si proche, juste là, à portée de main. — Un océan de merde, on dirait, je lui dis, ça en a au moins la couleur. — C'est vrai, un océan de merde, il reconnaît, un peu troublé. Pour dire que ça n'est pas facile. Et puis ensuite, une fois qu'il y est enfin arrivé, de l'autre côté, il la laisse s'envoler. Il se sent fort, sur le coup, et même fier, victorieux, il a traversé l'océan de merde, il ne désire rien de plus finalement. C'est donc toujours pareil aussi à la fin. Tout est toujours pareil. Elle disparaît. Il la regarde disparaître. Ensuite on peut imaginer qu'elle se retrouvera tellement loin qu'un nouvel océan de merde plus ou moins les séparera et qu'alors tout recommencera. Elle ne se laissera jamais attraper. Ou bien, une fois qu'il l'aura retrouvée, après avoir traversé l'océan de merde, il n'en aura plus envie, tellement comblé déjà par le voyage, de merde peut-être aussi.
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