Dans la forêt de bambous de Kuroneko. (le chat noir, de Kaneto Shindō.) Une nuit pleine de rêves, après l'avoir vu. Dans la forêt de bambous. Toujours la même forêt. Le paysan malgré lui devenu samouraï suit la femme dans la nuit. Elle lui rappelle sa femme. Comme deux gouttes d'eau. Et l'autre femme, plus âgée, lui rappellera sa mère, comme deux gouttes d'eau. Un démon, dans la forêt, s'attaque aux samouraïs et s'abreuve de leur sang. Lui, c'est le Héros, celui qu'on a chargé de trouver et tuer le démon. Sauf que ce n'est pas un démon, mais deux démones, sa femme et sa mère. Dans la forêt de bambous, la nuit tombée et jusqu'à l'aube. J'ai pensé au Mizoguchi des contes de la lune vague après la pluie. Pas étonnant, car Shindō en fut l'assistant. Les démons nous captivent. En l'occurrence, ici, les démones. Sa mère, sa femme, toutes deux violées et tuées par une bande de samouraïs errants en temps de guerre, revenues en démones pour se venger. Et lui, le petit paysan enrôlé de force devenu samouraï, Héros malgré lui. Ils se retrouvent alors, dans la forêt de bambous. Les ruines sont un palais. Il retrouve sa femme. Ça dure 7 nuits. Ils s'aiment. Puis elle disparaît. Elle a rompu son pacte avec les ténèbres. N'a pu tuer le samouraï. Ne reste que la mère. Elle est moins tendre, la mère, pas disposée à se sacrifier comme sa femme, bien plus profondément démone, bien plus dangereuse. Il sort son sabre. Plus que jamais, le sabre est l'âme (malade) du samouraï. Tuer la mère, la démone. Il en devient complètement fou. Peut-être qu'il était tout seul, je me dis, à la fin, dans sa forêt de bambous, avec ses démones et quand il ne les a plus, il n'a plus rien du tout, même plus la forêt de bambous. Il s'effondre. Ça finit dans les ruines, dans la cendre. Si ça me touche autant, c'est que j'ai exactement déjà vécu tout ça.
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