Je ne sais plus qui c'était. D'où elle sortait. Où elle allait. Un hôpital, il me semble. Oui, c'est ça, elle sort d'une chambre d'hôpital. Elle est venue voir quelqu'un. Un homme. Son mari. C'est vers la fin. Il va mourir. Je ne sais plus si c'est de maladie ou après un accident de voiture. Il est riche, son mari. Elle, elle n'est pas riche. Elle ne vit pas dans le même monde. Ça me revient. Elle va croiser sa belle-mère qui va la supplier de revenir, pour son fils, pour son cher fils, mais elle ne reviendra pas. Elle en a assez. Ça ne l'empêche pas d'avoir de la peine et d'être même déchirée. Elle s'en va. C'est fini. Lui, il meurt. Elle, elle retourne dans son monde, c'est plutôt bien, elle sourit de nouveau. C'était la rue sans fin. Elle n'était pas à sa place. Malgré les sentiments. Je croyais avoir oublié, mais tout m'est revenu. C'était encore là. Comme toutes les histoires. J'adore les femmes en kimono. Avec le petit coussin carré au creux des reins. Les petits pas. Le soin apporté aux petites choses. Le film était muet mais je me souviens de ses petits pas sonores dans le couloir de l'hôpital. À la fin, je crois qu'elle devient serveuse et qu'on la voit en tenue occidentale de serveuse, avec un badge sur la poitrine, rayonnante. Elle n'aura rien gagné dans l'aventure, ni position, ni fortune. Ça n'était pas son but. Elle n'était pas vénale. Ou alors, peut-être, si elle l'a été à un moment, ça lui a vite passé. C'est d'ailleurs peut-être seulement ça qui lui a manqué, d'être vénale, de jouer ce jeu-là. Elle n'était pas à sa place. Je me souviens que j'avais pleuré, à la fin. Je ne savais pas si c'était de joie ou de tristesse. Mais ça m'avait fait du bien. Et l'émotion revient, tandis que je tire le fil de l'histoire que je croyais avoir oubliée et qui est alors également mon histoire. Ma vue se brouille tandis que tout se reprécise. C'était triste. Mais ça n'était pas que triste. Comme toutes les belles histoires. Ces belles histoires qui sont d'ailleurs aussi très moches. Mais le sourire, à la fin, radieux. C'est peut-être ça qui émeut le plus. Et puis les petits pas...
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