C'est un type plutôt gentil, l'assassin sans visage (follow me quietly), il ne fait pas de bruit, il est tranquille. Son seul vice avéré, c'est la cigarette. (Il en faut bien un...) Tout le monde l'aime bien, même si personne ne le fréquente vraiment. C'est un peu un loser, un peu un minable, il a passé la quarantaine, il vit tout seul dans une petite chambre meublée... Il a ses petites habitudes dans le quartier... Qui irait imaginer qu'il cultive depuis toujours son petit jardin secret, son même petit jardin des horreurs... Parce qu'il a l'air tellement humble, comme ça, tout simple, tellement doux, poli, inoffensif, le gars sans histoire(s)... Je ne peux évidemment que m'identifier fortement, moi qui suis également un doux monstre d'égocentrisme qui cultive à ma façon également mon petit jardin secret des horreurs, même si ce ne sont pas tout à fait les mêmes horreurs... La seule grande différence, entre lui et moi, c'est que lui, quand il se met à pleuvoir, il a des pulsions meurtrières, quand les miennes me conduiraient plutôt à faire la sieste... Un détail... Un détail?... Oui, un simple détail... Un monstre ordinaire... Et puis un jour, tellement frustré, tellement proche de l'implosion, lui qui n'a jamais été personne, il a besoin de se faire connaître, enfin, d'exister, socialement et même universellement, totalement, il devient alors... le Juge... Rien que ça... Il s'est fait un album, qu'il feuillette, quand il ne pleut pas, juste pour lui, comme il feuilletterait un album de famille peut-être, s'il en avait une... parce que quand il pleut il a d'autres envies (comme moi de faire la sieste)... mais quand il ne pleut pas, il feuillette son album, son livre secret, juste pour lui, son œuvre... Tiens, ce jour-là, si je me souviens bien, il pleuvait... Et puis, ce jour-là... peut-être bien aussi... Il pense aussi aux messages qu'il a laissés derrière lui, signés le juge, son œuvre aussi mais publique celle-là, pour le monde, la postérité... Normal, qu'il soit tranquille, la plupart du temps, sa vie est si bien remplie, mine de rien, même s'il a l'air un peu d'un pauvre type qui vit tout seul dans son meublé, qui feuillette au café du coin des magazines pleins de faits divers sordides mais ô combien stimulants pour l'imagination et même parfois tellement émouvants, quand on y parle de lui, alors ce n'est pas si grave, son air, car lui c'est un modeste, un homme de l'ombre... Ce qui est important, c'est son œuvre... Là, il existe... Si vous saviez comme je suis fort, comme je suis grand, au fond, tout au fond, et malin... Et comme ça m'amuse aussi, quelque part, de paraître tellement petit, tellement insignifiant...
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