Je prends quelques photos. Ça me met un peu à distance. Je suis un peu moins à fleur de peau. Vers les trois heures du matin, je me suis rendu compte qu'elle avait pissé sur la couette. Je ne l'ai pas engueulée. Je l'ai doucement caressée. Elle semblait plus paisible que la veille, les pupilles moins dilatées. Je me suis levé, ai commencé à frotter la couette avec une éponge avant de la mettre dans la machine à laver. J'ai dû dormir une heure. Ce n'est pas bien grave. J'ai vu l'aube se lever, au moins, en écoutant France Culture, je me suis fait du thé. Ce qui est grave, c'est que je n'ai pas réalisé qu'avec sa patte avant toute molle, descendre d'un lit, fût-il au ras du sol, était bien périlleux, mettre tout son poids en avant. Quinze centimètres peuvent être un précipice. J'ai essayé d'y remédier en plaçant un coussin en guise d'escalier. Puis j'ai constaté qu'elle préférait bondir sur la chaise, puis sur le dossier du canapé, puis sur l'assise du canapé, enfin sur le tapis. Mais voilà, comme le rideau de l'alcôve était tiré, elle n'a pu bondir sur le canapé. Elle était prisonnière, en somme, du lit. Elle n'a pas l'air de souffrir, aujourd'hui, je l'ai même épiée en train de dormir semblait-il paisiblement. J'ai compris aussi que la cuisine était bien trop éloignée désormais. Ai donc rapproché sa nourriture, qu'elle a un peu goûtée, alors qu'hier elle n'avait rien mangé. Elle est allée dans sa caisse plusieurs fois, bien proprement. Sa patte est un peu moins froide qu'hier, il me semble. Elle est venue sur moi un moment et je la lui ai un peu frictionnée, ai même entamé une sorte de rééducation, étirements, pression sur les coussinets, résistance de l'épaule, massage délicat des muscles délicats, qui a peut-être fait un peu son effet car après elle boitait un peu moins. (J'ai quelques notions de sh(i)atsu.) Mais elle respire toujours un peu laborieusement, au moindre effort. Je sens que ses pas ne sont pas très assurés. Elle doute. Ce qui était naturel, instinctif, ne l'est plus. Et moi je ne sais toujours pas quoi faire. Alors je fais ce que je fais. Je ne me vois pas l'abandonner à l'aiguille d'un vétérinaire. Je me laisse quelques jours, un sursis, lui dis adieu à chaque caresse. Je prends quelques photos...
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