Ah... Fritz Lang... La femme sur la lune... Quel spectacle ça a dû être, pour ceux qui l'ont vu(e) à sa sortie, en 1929... 2 heures 40... La superproduction de la UFA... Fritz s'est bagarré âprement pour que le film ne soit pas sonorisé... Quelle idée, de mettre du son, quand les images, en elles-mêmes, sont tellement sonores... Et puis il y avait l'orchestre, dans la fosse, c'était quand même autre chose... Plus tard, quand arriva le cinémascope, ça ne l'enchanta pas non plus, c'est tout juste bon pour filmer les serpents, qu'il a dit... Alors, il était contre le progrès, Fritz?... Je ne crois pas... D'ailleurs, sans la femme sur la lune, les Américains y seraient-ils allés de la même façon, sur la lune, 40 ans après?... Le compte-à-rebours, quand même, c'est Fritz qui l'a inventé... Et puis les fusées, hein, c'est pas les Américains qui les ont inventées... Tiens, celle-là de fusée, celle de la femme sur la lune, le type qui l'a créée, c'est le même qui a créé les V2... Alors, le progrès, la science, les nouvelles technologies, ça l'intéressait bigrement, l'ami Fritz... Mais le cinéma parlant, pour quoi faire, franchement, pour dire quoi?... Ah s'il n'y avait pas eu la crise de 29... les Américains qui ont voulu récupérer leur or en Allemagne... puis l'Adolph... c'est sûr que le cinéma allemand aurait eu une toute autre histoire... Et puis le premier homme sur la lune aurait peut-être été une femme, une Allemande... L'or, c'est la cause de tout... Les spéculateurs, qui en veulent encore plus... Ils ont mis l'Allemagne à genoux... Puis il y a eu l'Adolph... Deuxième Apocalypse, encore plus saignante, hurlante que la première... On n'imagine pas, aujourd'hui, ce que ça a dû être... Alors le cinéma s'est mis à parler, tout comme l'Adolph... Est-ce que ça en valait la peine?... Sans le son, il n'aurait pas fait le même effet, l'Adolph, il aurait même plutôt fait rigoler... (Au temps du cinéma muet, il n'était que caporal...) Mais c'est à cause de l'or, tout ça... comme toujours... D'ailleurs, Fritz, il le savait bien... C'est à cause de l'or, que ça vire à la tuerie, sur la lune... Ben oui... Parce qu'il y a de l'or, sur la lune, c'est à dire qu'il n'y a rien, sur la lune, c'est un désert... De l'or, pour quoi faire?... Hélius, lui, il s'en fout, de l'or... Il aime Frieda, c'est tout de même bien plus précieux que tout l'or de la lune... Mais elle semble en aimer un autre, à savoir son mari, un autre qui ne se soucie que de lui-même... (Sa face cachée est révélée, sur la lune...) Comme c'était bien, le cinéma muet, ce silence entre deux fins du monde... C'est drôle, comme le son est filmé, surtout au début du film, en gros plans... C'est vrai, à quoi bon mettre du son là où il y a déjà du son?... Plus de réalisme, mais pourquoi donc?... C'est du rêve, qu'on veut, nous!... Ah... Fritz Lang... Les films de science-fiction... C'était quand même vachement plus onirique, avant... Fritz Lang, c'est celui qui m'a le mieux emmené sur la lune, incontestablement... Et puis regardez-moi cette mise en scène, ce rythme, comme les images sont parlantes, les cadrages, les mouvements d'appareil, les compositions, le montage, l'expression des visages... Tout le vocabulaire du cinéma est là, toute la grammaire, le style, on n'a rien inventé de plus, après... Et puis il y a Frieda...
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