Parfois (et même souvent) j'ai besoin de retourner à mes classiques. Dès les premières images de Saul Bass, dès les premières notes de Bernard Herrmann, je suis envoûté. Rarement l'alchimie entre l'image et le son a si bien fonctionné. (La petite chose que j'ai remarquée lors de ma dernière vision : à un moment, lorsque Stewart est en maison de repos, quelques subtiles notes de musique opèrent la transition avec le plan suivant, quelques mois plus tard. Je me suis passé plusieurs fois cet instant, entre deux plans, pour savourer ce motif délicat, ces quelques notes qui durent des mois... Ça ne m'avait pas marqué, les fois précédentes, et là, ces quelques notes ont provoqué en moi quelque chose de très étrange et j'ai eu besoin de retourner voir, ou plutôt de retourner entendre... J'ai été conscient d'être sensible à un effet, qui auparavant n'opérait qu'inconsciemment, dans un état proche de l'hypnose...) Quand j'étais gamin, je préférais la mort aux trousses. Il passait souvent le dimanche soir, à 20 heures 30. Le lendemain matin, je devais me lever très tôt pour partir à l'internat, où j'étais enfermé toute la semaine. Alors, je savourais. Le film était long. C'était un sursis, mieux valait qu'il soit long. Si j'avais pu, je serais resté l'éternité à regarder la mort aux trousses, la boule dans le ventre disparaissant le temps du film. C'est aussi un dimanche soir à la télé que j'ai dû voir pour la première fois vertigo. C'était beaucoup plus étrange, beaucoup plus complexe, pour un enfant de dix onze ans. (Ça l'est toujours, pour un homme de 43 ans.) Je suis toujours frappé par la splendeur de la chose, sans même parler des retentissements psychologiques. Tous ces talents réunis sous la baguette de Sir Alfred... D'un point de vue plastique, j'adore la période VistaVision et Technicolor d'Alfred Hitchcock... (Même si, en fait, Hitchcock, c'est toujours beau, la grande classe inoxydable...) Quand Kim Novak apparaît, dans sa robe verte, dans le restaurant rouge... La scène dans la forêt de sequoias... La Rolls verte... Le collier rouge de Carlotta...
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