mercredi 11 novembre 2009

Je ne l'ai pas connu. C'était l'oncle de ma grand-mère maternelle. Il vivait au nord de l'Ardèche, à la limite de la Haute-Loire, un pays sauvage, rude, où on cultivait surtout le caillou. J'ai une très belle boîte, ovale, en bois, qu'il avait fabriquée et qui contient toutes sortes de papiers de cette époque, des actes notariés, des relevés cadastraux, une lettre très belle aussi, écrite par un certain Fondard, à Sébastopol, pendant la guerre de Crimée. De lui, j'ai aussi un miroir, il était habile de ses mains... Il avait construit lui-même sa maison, en pierre, isolée, à flanc de colline, dominant la vallée, en face du Mont Mézenc. Pour des histoires imbéciles de famille, la maison a été vendue, dans les années 60, pour une misère, 3000 francs de l'époque, à de riches parisiens. J'y suis allé quelques fois, pour voir, une bien jolie petite maison, sur deux niveaux, avec une tonnelle attenante... je me suis même dit parfois que c'était la seule maison que j'aurais aimé habiter. Ma grand-mère disait que son oncle marchait plusieurs kilomètres tous les jours, uniquement pour aller acheter le journal au village. Il était curieux du monde, s'intéressait aux progrès des sciences et techniques, même s'il n'était que tout petit paysan, faisait un peu figure d'hurluberlu, d'intellectuel, dans sa campagne quelque peu arriérée... Il a fait la guerre de 14... Il ne s'est pas marié, n'a pas eu de descendance... Je suis peut-être le seul à avoir conservé des petites choses de lui et à regarder parfois cette photo... Ce visage m'a toujours été familier... Je me regarde tous les jours dans son miroir...

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