lundi 27 février 2012

De toutes façons, tout le monde s'en fout. Croyez-le bien. De moi comme du monde. Tout ceci a lieu à peu près nulle part. Vous imaginez qu'une Autre vient se vautrer dans ce que vous croyez être chez moi, où elle se sentirait chez elle. Mais ce n'est pas chez moi. Je n'y suis même pas locataire. Et encore moins chez elle. Et il n'y a pas d'Autre. Dans cet à peu près nulle part, tout le monde cherche un miroir, c'est tout, et personne n'en trouve vraiment, ou alors tout le monde trouve le miroir qu'il mérite. Certains aussi sans doute y cultivent une certaine nostalgie, ou une curiosité vaine, croient retrouver quelque chose ou quelqu'un mais ne trouvent en fin de compte que leur solitude, leur misérable petit être dans un pauvre miroir. Moi aussi, pareil, je ne suis pas différent, je cherche aussi parfois un miroir et n'en trouve jamais vraiment, ou alors seulement le miroir que je mérite, misérable et vain. Du vide. En fait, dans cet à peu près nulle part, il n'y a presque personne et presque rien. Il n'y a que des gens. Et les gens ne sont rien. Des atomes, dans l'espace ou l'à peu près vide de cet à peu près nulle part. Ils vont et viennent comme dans les couloirs du métro, sans regarder, pressés par on ne sait quoi, mais investis de leur mission. Des atomes. Programmés. Ils viennent et reviennent toujours à la même heure aux mêmes endroits. Ils ne disent rien, même s'ils parlent. Ils ne font rien, même s'ils ont l'air d'agir. Ils ne font que circuler. On pourrait les mettre en équations, déterminer exactement leurs trajectoires et leurs destins. Ils aiment se retrouver entre eux et croire même souvent qu'ils existent ensemble, en réseaux, dans cet à peu près nulle part. Laissons-les croire ce qu'ils veulent. En tout cas, il ne faut pas y rester trop longtemps, dans cet à peu près nulle part, et surtout pas croire que c'est le monde. Je n'existe pas plus ici qu'ailleurs et j'aurais même tendance à penser que j'existe infiniment plus ailleurs qu'ici, même si je n'y existe peut-être pas non plus énormément. Je viens ici pour faire ma petite crotte, c'est tout. Je pourrais la faire ailleurs. Mais je viens la faire ici. Me dire que je la fais en public doit sans doute m'amuser. Là, j'ai été un peu malade, une dizaine de jours, ne suis pas trop sorti, rien de bien grave, une bonne crève, suis donc resté chez moi, ai donc été tenté plus souvent de faire ma petite crotte à domicile dans cet à peu près nulle part. Parce que c'est commode. C'est un peu comme un pot de chambre, vous voyez, quand on est malade, sous le lit. Un jour, je me dis, il faudra bien le vider.

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