samedi 28 février 2009

Au Japon, dans les années soixante-dix, le film érotique était un genre au même titre que le film de yakuzas ou de samouraïs. De vrais bons cinéastes y excellaient, sous l'appellation romans pornos ont même livré d'authentiques petits bijoux. La véritable histoire d'Abe Sada, de Noboru Tanaka, a été tourné juste un an avant l'empire des sens. Contrairement au second, le premier, film de studio fortement contraint par la censure de l'époque, ne montre jamais rien frontalement, laissant une place essentielle au hors-champ. La scène la plus osée, finalement, est quand elle lèche les larmes de son amant. Tout devient alors très stylisé. Des jeux de miroirs. Les couleurs qui explosent. Une photographie somptueuse, jamais gratuite. La calligraphie devient centrale. Nécessité d'écrire, de ritualiser. Ce n'est pas qu'une histoire d'amour fou où le plaisir est un gouffre toujours plus profond, éros et thanatos se tenant par la main, c'est un poème en lettres de vrai sang, une sorte de manifeste. Le meurtre sexuel considéré comme un art. Contrairement à l'empire des sens, l'histoire se prolonge bien après la castration. C'est même à partir de ce moment, plutôt fondateur que terminal, que le film devient vraiment passionnant. On suit donc encore Abe Sada, le sexe pourrissant de son amant glissé contre son ventre, sous sa ceinture de kimono, ou bien posé sur l'oreiller, glissé sous le futon. Elle l'a toujours avec elle, comme un fétiche, se masturbe même parfois avec. Un homme, lui caressant les seins, lui dit qu'elle sent un peu mauvais. Comme tout est éphémère... Il est temps de vider l'eau des fleurs...

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