lundi 23 février 2009

Je me suis dit qu'il était enfin temps, à bientôt 43 ans, de commencer à explorer un peu un genre vieux comme le cinéma, que je ne connais pas du tout, ne serait-ce que pour tenter de remettre en questions mes préjugés, je le confesse, plutôt négatifs. Un jour, à Paris, avec Marie-Laure, lors d'une grande et belle exposition consacrée à l'érotisme, j'ai vu un petit film de Man Ray, deux lesbiennes, tête-bêche, se léchant, en boucle. J'ai trouvé ça très bien, troublant (grosse érection, au Palais de Tokyo) et même beau. J'avais vu l'empire des sens, un film très fort, allant jusqu'à être très choquant, magnifique. Je ne voyais pas comment on pouvait aller plus loin dans la mise en scène du sexe, du plaisir. J'apprécie beaucoup aussi les films bondage de Masaru Konuma, des petits bijoux parfois assez dérangeants. Yasuzo Masumura, lui aussi, est allé assez loin dans le genre. Que des Japonais, je remarque. Peut-être ont-ils un rapport au corps plus sain que nous autres, pour pouvoir l'exprimer ainsi jusqu'à l'extrême, ce qui me fait aussi penser au très sulfureux et burlesque Fantasmes du Coréen Jang Sun-Woo. En même temps, ce ne sont peut-être pas des films qui intéressent les vrais amateurs de cinéma porno. Je vais être désobligeant peut-être : ce ne sont peut-être pas des films pendant lesquels on peut se masturber facilement. Du porno soft, on dit? J'en ai vu un très bien, sur Arte, il y a quelques mois : Abigail Leslie is back in town. Un film américain, des années soixante-dix. Ça m'a donné envie d'en voir d'autres. Car il paraît que c'est l'âge d'or du porno, les années soixante-dix. Pas réussi à trouver derrière la porte verte. Pas réussi à trouver un site qui parle de façon au moins un peu érudite et séduisante de la chose. J'ai donc décidé d'y aller au petit bonheur, de commencer à essayer de dénicher des perles, du moment que ça ne dépassait pas une (toute petite) poignée d'euros. J'avais entendu parler d'Ovidie, par des gens très sérieux, plutôt en bien, genre égérie nouvelle vague du porno. Dans la peau d'Ovidie, de Stan Lubrick, ça peut être bien, au moins rigolo, essayons, je me suis dit, en plus le film a reçu deux hot d'or, ce qui semble être une sacrée distinction, ce n'est donc sans doute pas le tout-venant. Alors, je me suis installé, ma théière à portée de main, douillettement entortillé dans mon plaid comme une larve de papillon parée pour la métamorphose, comme devant un film d'Ozu, tranquille, sans préjugé. Quelle déception... Tout y est laid, inexpressif, sérieux, même Ovidie... Une succession de coïts interminables et tous semblables, interchangeables, comme un western où il n'y aurait que des duels sans queue ni tête, sans aucune progression dramatique, sans désir, qui serait bien mieux filmé par une simple caméra de surveillance sans personne derrière... J'ai bandouillé parfois un peu, au début, il faut être honnête... En y mettant un peu du mien, j'aurais pu, peut-être même, me secouer un peu... (Ça m'a aussi rendu triste car ça m'a rappelé une jolie petite fleur un peu maladive qui, la première nuit, s'est mise à quatre pattes, la croupe tendue, tous orifices soudain offerts et, d'une voix blanche, m'a dit fais ce que tu veux... Mais je ne veux rien, ma petite puce, louchant sur son charmant petit trou, bien net, délicatement étoilé, parfait, elle devait en être très fière...) L'ennui s'est rapidement installé et j'ai commencé à regarder ma montre quand j'ai deviné, à la deuxième scène de sexe, je suis très perspicace, qu'il lui éjaculerait sur les seins. J'ai tenu, jusqu'au bout. La métamorphose n'a pas eu lieu. (La larve a même fini par sécher dans le cocon.) Heureusement, j'ai eu la bonne idée d'aller voir le bêtisier, à la fin. Là, voyant ces bouts de scènes où les acteurs devaient parler, ça m'a fait penser à Rohmer. Mais pourquoi Rohmer n'a-t-il jamais tourné de porno? Je suis sûr, très sérieusement, que ce serait formidable. J'imagine. Et pourquoi Orson Welles n'a-t-il jamais tourné de porno? Quel dommage... Et Godard, il aurait pu, Godard, quand même, non?... Mais Rohmer, surtout, j'imagine bien, ce qu'il pourrait faire... Catherine Breillat l'a fait?... Comme c'est ennuyeux, pontifiant, boursoufflé d'intentions, pas du tout sensuel, les films de Breillat... Virginie Despentes a fait Baise-moi?... Misère... Je ne sais même pas si ça peut encore choquer le bourgeois, si c'était le but... Pourtant, je suis très féministe, moi, au fond, même si je n'ai pas l'âme militante... (Un ancien copain m'avait assuré, c'était le fruit de sa grande expérience, que toutes les femmes adoraient être sodomisées. Et toi, tu aimes être sodomisé? lui avais-je demandé. Ben non, enfin, je ne suis pas une femme moi... Et moi? J'avoue n'avoir jamais essayé, mais peut-être que j'aimerais ça, même si je n'y pense pas beaucoup, on ne sait pas... Peut-être que si une jolie petite harnachée comme il convient me le faisait tendrement, je ne sais pas, j'avoue mon inexpérience... Tous les hommes n'aiment peut-être pas être sodomisés... Il m'avait regardé, alors, avec ce petit air contrit qu'il avait parfois lors de nos discussions, me disant que je faisais de la rhétorique... ce que je n'ai pas nié...) Dans la foulée de dans la peau d'Ovidie (qui n'apprécie guère la sodomie, ça en fait au moins une, j'aurai au moins appris ça), j'ai vu Pretty Nina et Pop-Hard... A la fin, j'avais des fourmis dans les yeux... (Dans le second, les femmes avaient encore le droit d'avoir du poil, c'était donc un peu plus mystérieux, ce que j'en ai conclu.) Mais je ne m'avoue pas vaincu, même s'il me faudra sans doute du temps, avant d'y revenir... Il y a sûrement des belles choses, quelque part... Ce serait bien trop triste, sinon...

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