dimanche 27 octobre 2013

Je ne comprends pas. Je me lève, me dirige sans nerf les yeux crotteux vers la cuisine pour y préparer et prendre mon petit déjeuner, c'est là que je vois cette flaque. Catastrophé je regarde vite au plafond, en inspecte chaque centimètre carré, croyant être une nouvelle fois inondé par le voisin du dessus, mon gros lourdaud de voisin du dessus qui m'avait une fois déjà amené le déluge, il pleuvait littéralement chez moi des seaux et le plâtre s'effondrait par plaques, qui m'a réveillé prématurément ce matin vers les onze heures en traînant son mobilier de long en large et en faisant tout trembler à chacun de ses pas. Mais le plafond est sec, je monte même sur le fauteuil pour m'en assurer tactilement. Il déménage bientôt, m'a-t-il informé, l'autre jour, venant sonner à ma porte, me présentant par la même occasion sa compagne, que je n'avais jamais vue mais dont je connaissais le pas lourd et les cris porcins quand le sommier se met à couiner frénétiquement, heureusement ça ne dure jamais très longtemps et lui aussi il crie, alors, je n'ai jamais compris qu'on puisse crier comme ça aussi fort, je me dis que peut-être elle crie parce qu'il crie et vice versa, pour ne pas être en reste, ne pas vexer, montrer à l'autre qu'on est dans le même moment d'extase, parfaitement synchrone dans l'orgasme, à hurler, en harmonie, en communion, parce qu'ils s'aiment, parce que c'est beau, l'amour, surtout quand on jouit à l'unisson comme une seule bête, ou alors il lui met tout un bras, peut-être, et vice versa. Une blonde, assez fade, molle, comme lui, et lourde, avec un peu de ventre, comme lui, le regard bovin, un peu, comme lui. Enchanté, ai-je dit, hypocritement, prenant aussi une mine vaguement désolée — pas trop en faire non plus, ça ferait louche — en apprenant leur départ, soupirant ensuite de soulagement une fois la porte refermée. Mais sur quoi vais-je tomber ensuite?... L'inquiétude, quand même, car j'en ai connu, des lourdauds, des envahisseurs... Mais cette flaque... Je me retrouve devant, je regarde au plafond : rien... La fenêtre était fermée et de toute façon il n'a pas plu... Je ne comprends pas... Je l'enjambe, pour aller à la cuisine, pendant une bonne heure m'interroge... Cette flaque... Il doit y avoir une explication... De la condensation?... Je reviens vers la flaque, avec mon bol de thé et ma cigarette, reste longtemps à la regarder en me grattant la tête sous la tignasse... Une femme fontaine?... Après ma douche, je reviens vers la flaque... Je ne passerai pas la serpillère avant d'avoir percé ce mystère... En y songeant, ce n'est pas la première fois que je me retrouve confronté à ce phénomène de flaque spontanée... On passe la serpillère, on n'y pense plus, on oublie, c'est comme pour tout... Mais là, je reste planté devant... J'ai besoin de savoir... Une manifestation ectoplasmique?...

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