samedi 12 octobre 2013

Ah... Max Von Sydow... Bengt Ekerot... Le septième sceau... — Antonious Block joue aux échecs contre la Mort... — Le chevalier revenu des croisades, le cœur et l'âme vides, anéanti... — Oui... — Le septième sceau, c'est la Mort?... — Non non... La Mort, la pourriture, la pestilence, sur son cheval verdâtre — blême disent certains — arrive à l'ouverture du quatrième sceau... Le septième, c'est les trompettes, les sept anges trompettistes... — Dieu, en plus d'être un fumeur de havanes, serait donc mélomane?... — Ne t'attends quand même pas à entendre Chet Baker ou Miles Davis ou Tony Fruscella... Ce sont les trompettes de sa colère... rien que des calamités de plus en plus abominables... L'Horreur... — Il est en colère... — Oui... et même depuis le début... car tout est planifié... Si ton nom n'est pas inscrit dans le Livre de Vie, dès le début, tu vas salement déguster... Et s'il est inscrit dans le Livre, tu risques de souffrir encore plus, en attendant le Jugement... — Alors pourquoi toutes ces misères si, depuis le début, il sait déjà tout... — Pour s'occuper, j'imagine... — Fumer ne lui suffit pas... — Il faut croire que non... — Et le chevalier Antonious Block, c'est le Cavalier Blanc du premier sceau? Celui qui part en Croisade?... — Un cavalier blanc de seconde classe peut-être... — Et il joue aux échecs avec la Mort... — Oui... — Parce qu'elle joue aux échecs, la Mort... — Oui, elle est même imbattable... — Comme les ordinateurs... — Oui, comme les ordinateurs... — Les échecs seraient donc un jeu de Mort... — Oui, peut-être bien... — Et il le sait, que la Mort est imbattable?... — Oui, je crois qu'il le sait, que même avec les noirs, elle est imbattable... — Pourquoi alors lui propose-t-il une partie en insinuant qu'il pourrait la battre?... — Pour avoir un sursis, au début... Pour aussi lui faire croire, à la Mort, qu'il est vaniteux... La mettre sur une fausse piste... — Et il y arrive?... — Oui, il y arrive, je crois... — Et il a toujours son épée... — Oui... — Et toi tu n'essayerais pas aussi de faire croire à la Mort que tu t'entraînes au sabre et que tu l'attends au bord du gouffre, alors que tu es ailleurs et ne dégaineras jamais?... — Qui sait... — Tu cherches à l'embrouiller... — Qui sait... — En tout cas, Antonious Block, lui, y arrive, à l'embrouiller... — Oui... — Dans quel but?... — Il est joueur... Les échecs ne sont pas le but, mais le moyen... Il est très curieux aussi, veut savoir ce que sait la Mort... — Et que sait-elle la Mort?... — Rien... Absolument rien... — Elle est juste imbattable aux échecs... comme un ordinateur... — Oui... Et quand il sait enfin vraiment qu'il n'y a rien à savoir, il se met à jouer un autre jeu... — Tromper la Mort... — Oui... L'embrouiller... Lui faire croire qu'on s'intéresse vraiment aux échecs et qu'on veut gagner et sauver sa peau alors qu'on est tout entier absorbé à sauver autre chose... — La face?... — Non non... La grâce simple... la poésie vivante... l'enfance cul nu... — Oui... Elle est belle, cette scène, quand ils mangent des fraises sauvages... Et Bibi Andersson... quelle belle fille... saine... radieuse... — Oui, il y a toujours des filles magnifiques, chez Bergman, il ne pensait qu'à ça... — Et l'acteur visionnaire, acrobate, musicien et poète, à la fin, qui voit sur la colline la farandole menée par la Mort, avec le chevalier juste derrière la Mort et en fin de cortège le musicien avec son luth... — Oui, sauf que le musicien n'y est pas, dans la farandole, puisqu'il a réussi à s'enfuir et que c'est lui qui voit et raconte... — Alors, il nous ment... — Non... Ou alors oui... Peu importe... Il y est, tout en n'y étant pas...

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