dimanche 3 janvier 2010

Ore wa matteru ze (j'attends), de Koreyoshi Kurahara, est un petit bijou de film noir qui commence un peu comme un film réaliste poétique des années 30. Puis on glisse vers quelque chose d'autre. C'est un film singulier. La Nikkatsu ne produisait donc pas que des films de gangsters hyper-stylisés... où le revolver remplace le sabre du chambara. (Ici, les pistolets sont tout petits, ridicules. Tout se règle à mains nues, et de quelle façon... L'explication finale est formidable...) Peut-être parce que c'était à la fin des années 50 et que le style Nikkatsu, porté par les Takashi Nomura, Takumi Fukuhara et surtout Seijun Suzuki, ne s'était pas encore tout à fait affirmé... Ça donne envie d'en voir d'autres, des films de Kurahara... J'attends est son premier... C'est hélas le seul que l'on peut se procurer... Juste après, il a fait l'homme au milieu du brouillard, puis la femme qui vient du fond de l'océan... avec le même scénariste, Shintaro Ishihara... Ça fait envie... (Un éditeur intelligent et raffiné nous sortirait les trois dans un joli coffret cartonné...) Alors, il attend... Elle aussi, elle attend... Que faire d'autre?... A un moment, elle lui dit : "Tu es cynique!"... Ça m'a rappelé des souvenirs... Moi aussi, j'avais un rêve et j'ai beaucoup attendu et elle m'a dit que j'étais cynique... Cynique... A la fin, la chanson : "Au bout de la nuit... les étoiles disparaissent... l'une après l'autre... se perdent dans le ciel..."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, je suis à la traduction de ce merveilleux film. Malheureusement, je ne connais pas le japonais et je me base sur les sous-titres anglais d'Eclipse. Auriez-vous des pistes ? J'ai vu que vous citiez la chanson par exemple... Et un petit fragment de dialogue... Ma plus grosse difficulté est de faire la part au tutoiement et au vouvoiement.
Bien à vous
P.S.: je repasserai voir de temps en temps s'il y a une réponse. Vos articles sont d'un jugement très fin et bien écrits

Jean-Charles F. a dit…

Merci. Mais je n'en sais pas plus que vous, ne connaissant pas le japonais non plus et disposant de la même (très belle) édition Criterion sous-titrée en anglais. J'ai traduit la chanson d'après les sous-titres anglais... Henri Langlois s'arrangeait souvent pour dégotter des copies de films étrangers sous-titrés en d'autres langues encore plus étrangères. Pour lui, le cinéma, c'était avant tout des images. Il était peut-être un peu extrémiste, mais c'était une démarche au moins intéressante. La langue, la grammaire, c'était celle du cinéma. Ensuite, il y a la musique propre à chaque langue. Quand on est habitué à voir des films japonais, par exemple, on finit par se familiariser avec les différentes intonations, et ça dégage du sens, d'un point de vue émotionnel, ce qui est peut-être plus important qu'avoir une traduction mot pour mot. C'est peut-être mieux finalement de ne disposer que de sous-titres anglais et de ne pas maîtriser très bien l'anglais non plus. Ça laisse plus de place à l'image, au regard. De mon point de vue, la plupart des grands films pourraient être muets.

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