jeudi 26 avril 2012

Ah... Mankiewicz... Ah... Gene Tierney... Rex Harrison... Ah... the ghost and Mrs Muir... — C'est tout ce que t'as à dire? Ah? T'as pas l'impression qu'c'est un peu mince? Que tu t'fous un peu d'la gueule du monde? Imagine s'il y a des gens qui lisent... Ce qu'ils vont penser de toi, avec tes ah... et puis tes histoires de salades... tes salades... quand même... — J'dis c'que j'veux... Et s'il y a des gens, il y a des gens, je ne suis pas allé les chercher et ne les retiens pas, ils pensent ce qu'ils veulent, ne sont pas forcés de venir et encore moins de lire, ils n'ont même pas payé en plus il manquerait plus qu'ils viennent se plaindre... Chuis pas critique de cinéma, moi, pas non plus historien, ni même rien, et puis j'm'en fous, je ne désire intéresser personne, je passe juste un moment avec moi-même... et moi, quand chuis content, j'fais ah... c'est comme ça... — Bien primaire... — Exactement!... — C'est quand même léger... — Exactement... J'ai tout de même remarqué pour la première fois que dans le film ils prononçaient Miour... et pas Mouir... Pourtant, le i est après le u... — Juste ça?... — Bien sûr que non, mais enfin, quoi? Que c'est beau? Que c'est drôle? Que c'est triste?... Qu'on aimerait tant être le fantôme de la Miour?... Parce qu'il la voit toute nue, et oui... quand même... Nous, on ne voit rien du tout, mais lui, le capitaine, pardon... Sauf qu'il ne peut pas la toucher, la Miour... — On ne peut pas tout avoir... Mais quand même, à la fin, ils partent ensemble... — Oui... mais ils sont morts... — Ça ne nous avance pas tellement tout ça... — On n'a pas besoin d'avancer... On n'est pas bien, là?... Ah... Mankiewicz... Ah Gene Tierney... Et la grosse voix de Rex harrison... dans the ghost and Mrs Muir... putain, ça déchire... — Ça déchire... Ça déchire quoi?... — C'est déchirant... Ça fait pleurer quoi... Ça fait pleurer en souriant... C'est quand même beau, l'amour, même si souvent c'est con... — Beau et con à la fois?... — Mais oui... Elle est veuve, la Miour, sans avoir connu vraiment l'amour... Puis elle tombe amoureuse... mais d'un fantôme... c'est con... La seule grande et belle aventure de sa vie est un rêve... Et lui au début qui ne veut pas qu'on l'emmerde, dans sa maison hantée, qui essaye de la faire fuir, la Miour... Puis il s'attache... Et il la voit toute nue, alors, il lui dit même qu'elle est sacrément bien balancée, la Miour... Elle dort même dans son lit, ça le fait bien rigoler, en même temps ça a du sens, elle dort dans son lit, dans son lit où lui n'est plus, même s'il y est toujours encore... Et il est mort connement, aussi, tout le monde croit qu'il s'est suicidé, ça le met en rogne... Et lui non plus, il n'avait jamais vraiment connu l'amour, même s'il avait eu des filles dans tous les ports... Il lui dicte le roman de sa vie... Puis il s'efface, lui murmure pendant qu'elle dort qu'elle a tout juste rêvé, qu'il n'y avait pas de fantôme et que c'est elle qui l'a écrit, le roman... Pour qu'elle soit heureuse, il disparaît... sois heureuse... même s'il sera toujours là, mais plus du tout comme avant... Il lui a donné sa maison, son œuvre, son amour, à la Miour, pour qu'elle soit heureuse, puis il a disparu, corps et âme, plus même fantôme du tout, juste un tableau au mur de la Miour... Sauf qu'elle n'a pas été heureuse... Enfin si, un petit peu quand même, elle a chéri son rêve, le souvenir de son rêve... Elle a vieilli, la Miour... toute seule dans sa maison chérie, dont elle aimait tellement l'atmosphère et la maison alors aussi la chérissait, la maison qu'il avait lui-même dessinée, imaginée, la douce, tendre, cruelle, mélancolique prison de la Miour... Elle n'a jamais été aigrie en tout cas... C'est beau et con à la fois... et moi ça me fait pleurer... Et puis il y a la mer... — Et puis Georges Sanders, en salaud, qu'est-ce qu'il est bien... et tellement pathétique, dans son genre... — Il est toujours très bien, Georges Sanders, en salaud pathétique... — Et la musique aussi... — Ah... Bernard Herrmann... — Tu vas nous faire tout le générique comme ça?... —Et pourquoi pas?!... — Et tu y crois aux fantômes, toi?... — Évidemment... J'en ai même rencontré une... Tu veux que je te raconte?... — Alors, tu étais tout à la fois le fantôme et la Miour... Je comprends mieux maintenant...

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