mardi 25 novembre 2008

Dès que j'ai vu Mariko Okada, je l'ai aimée. C'était dans un film d'Ozu je crois, le goût du saké je crois. Elle y avait un petit rôle mais elle crevait l'écran. Dans l'ultime mélodrame immobile d'Ozu, je me souviens du sourire triste de Chishu Ryu, à la toute fin du film, seul, voûté, qui pêle sa pomme, à moins que je ne confonde avec printemps tardif, ou un autre, car il a toujours fait le même film, Ozu. Je me souviens aussi de ma première rencontre avec Mariko Okada, dans ce film, un petit rayon de soleil. Les deux images se mêlent, le sacrifice ordinaire de Chishu Ryu, la joie de vivre de la pimpante Mariko, qui joue le rôle de la bonne copine un peu espiègle. Dès que l'ai vue, j'ai eu envie de l'embrasser dans le cou, comme ça, une pulsion, j'ai aimé ses regards, sa bouche, ses joues, mais plus encore son cou. Ah... son cou... Comme elle devait sentir bon, Mariko... Puis je l'ai retrouvée dans Nuages flottants, très beau film de Naruse, où elle a un rôle plus franchement sensuel, ce qui n'est pas étonnant. Dernièrement, je l'ai revue dans la source thermale d'Akitsu, de Kiju Yoshida, qui devint son mari, le veinard. Dès son premier film, il avait voulu la faire jouer, il devait déjà en être amoureux, quelque part, mais la divine n'était pas disponible et il dut attendre un peu. Enfin, il y eut ce film, son premier avec Yoshida, qui est peut-être son plus beau, selon moi, mes critères étant émotionnels, les frissons qui m'ont parcouru, les larmes qui on coulé sur mes joues. Il faut dire aussi que c'est Mariko Okada qui a amené l'idée du film et qui l'a même produit, ayant toujours voulu jouer ce rôle, tiré d'un roman qui l'avait bouleversée et que c'est elle qui a choisi Yoshida, et non l'inverse, pour son centième film il me semble, se souvenant d'un script qu'un jeune metteur en scène lui avait envoyé, quelques années auparavant. C'est peut-être tout autant un film de Mariko Okada que de Kiju Yoshida. A la fin, phénomène étrange, je me suis exclamé, en moi-même : "Je suis Mariko Okada!" Oui, inquiétant... Risible? Peut-être aussi... Bref... Je la revois ôter ses socques et se mettre à courir dans la neige en tenant le bas de son kimono... Je la revois sous les cerisiers en fleur... Elle allume une cigarette... Elle marche à petits pas... Elle étreint le tronc d'un arbre... Elle regarde un train qui s'en va... Elle se retrouve souvent seule, comme Chishu Ryu à la fin du dernier film d'Ozu, comme moi... Après, je l'ai vue dans tous les films de Yoshida que j'ai pu voir, car elle est devenue son égérie... Mais ce n'était plus pareil... Le petit rayon de soleil était plutôt maintenant petit rayon de lune... une sorte de gravité qui plus jamais ne l'a quittée... une tristesse vague, lancinante... L'amour?

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