jeudi 26 septembre 2013

C'était histoire de calmer un peu les chevaux, après quelques galops qui m'ont un peu emballé la cervelle et le cœur — je me fais un peu vieux : les faire rentrer au petit trot, puis au pas, à l'écurie. Plus question désormais de traverser furieusement les steppes et au delà dans un nuage de poussière en massacrant tout. Juste un petit tour du pâté de maisons, ça ira bien, ma promenade digestive. Qu'ils se dégourdissent aussi un peu les jarrets, mes chevaux... Car j'ai appris à les connaître. Et à les tenir. (Je les ai lâchés, une fois, une vraie fois, j'ai vu ce que ça faisait, impossible de reprendre les rênes, failli même finir comme Messala, on ne m'y reprendra pas. On se croit fort, tellement fort, sur le coup, dans le feu de l'action, alors qu'on n'est au bout du compte qu'une vraiment toute petite merde...) Calmer ses chevaux, avant de rentrer. Ce n'est pas que pour soi, c'est aussi pour les chevaux, John Wayne le savait bien, dans la prisonnière du désert, qu'à un moment il faut calmer les chevaux, arrêter de faire galoper à bride abattue sa monture. Elle crèvera sinon avant destination. Ou alors c'est vous qui crèverez. Voire les deux. Quelle connerie... (Destination? Juste retourner à la maison. Nous fêterons ton retour dans les ruines et la cendre, est-il dit dans Ben-Hur.) Mais John Wayne il savait tout — ou presque — dans la prisonnière du désert. Je ne l'ai jamais pris pour un con, moi, John Wayne. Je l'écoute, quand il parle et même quand il ne parle pas ce que me disent ses yeux et même tout son corps de gros félin assoupi. Il m'intéresse. Souvent même me captive. Les chevaux, il connaît. Les Indiens aussi, il connaît. Un sacré bonhomme, John Wayne, dans la prisonnière du désert. Plein de haine? Eh oui... Plein de haine à vider... Et de dégoût... De lui-même surtout?... Et puis à la fin, n'est-ce pas, tout bien vidé, tellement soulagé, le pus tout bien drainé, il retourne dans le désert, où il n'y a plus de prisonnière, où il n'y a même plus personne ni plus rien, tout seul, car tout est dit, tout est joué, il peut bien maintenant se reposer, ou crever... Ceux qui méprisent John Wayne dans la prisonnière du désert sont des cons, je ne le dirai pas deux fois...

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