mercredi 14 mars 2012

Venise était assiégée par les cygnes. (Quelques mots pleins de trous griffonnés au milieu de la nuit sur le carnet posé sur la chaise en paille près de mon lit.) Une mer blanche de cygnes et le peuple s'inquiétait. La reine, pleine de sagesse, écoutait ses conseillers. La rumeur principale : les cygnes étaient des extraterrestres venus nous envahir. Allait-on devoir leur faire la guerre? On n'avait encore jamais fait la guerre à des cygnes. On ne savait pas trop comment s'y prendre. Il y en avait peut-être des millions. Ils étaient là, ne bougeaient pas, flottaient silencieusement autour de l'île coupée du monde. Des envahisseurs extraterrestres alors, peut-être, qui avaient pris cette forme comme Zeus en d'autres temps. Même si on ne savait pas vraiment. On attendait un émissaire car peut-être qu'ils parlaient, eux qui avaient su prendre l'apparence du cygne et qu'alors ils nous diraient pourquoi ils étaient là, silencieux, en si grand nombre. Mais aucun émissaire ne se montra. Un peu plus tard on apprit qu'ils étaient là pour escorter un mort. Alors, la reine se retrouva dans une grande barque, en pleine mer, escortée par les cygnes et moi aussi j'étais dans la barque, cheveux au vent, ne savais pas si j'étais témoin seulement ou si le mort c'était moi... Ça me rappelle qu'une autre fois, j'ai été escorté par des cygnes. Sauf que c'était une escorte sous-marine ou plutôt sous-lacustre. A l'aube, tout habillé et égratigné de partout, je nageais sous les quilles des bateaux, escorté par des cygnes qui autour de moi faisaient des arabesques, émettaient parfois des éclats blafards dans l'eau trouble et verte, agiles comme des poissons, longs cous ondulant, me frôlant de leurs ailes nageoires et j'en avais des frissons. Puis j'étais sorti de l'eau, façon étrange créature du lagon noir...

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