vendredi 13 mars 2009

J'aime revoir Pickup on south street. Tout comme j'aime revoir Forty guns. Film noir ultime, western ultime. (Quand on a filmé l'entrée des soldats américains à Falkenau, peut-être qu'on ne peut plus que faire des films ultimes...) La même urgence, la même efficacité, le même lyrisme sec. Mes deux films préférés de Samuel fuller. Pickup on south street, je l'avais vu la première fois à la télé, alors que j'étais encore très jeune, en version française, le port de la drogue (un tout autre film, en vf, mais c'est une autre histoire...) et ça m'avait marqué, pas tellement pour l'histoire qui y est racontée, mais pour le style, le côté nerveux de la chose. Je n'ai jamais oublié la petite cabane sur pilotis en marge de la ville, qui porte le numéro 66, en plus, l'année de ma naissance, l'atmosphère nocturne même en plein jour, le noir et blanc très contrasté, une forme de poésie urbaine parfois proche de Weegee, Richard Widmark qui, séducteur ultime, en guise de péliminaire, envoie un crochet dans la mâchoire de Jean Peters et l'embrasse, deux minutes plus tard, après lui avoir tout de même fouillé et pillé son sac, l'avoir réanimée en lui versant, ricanant, une bonne rasade de sa bière sur le visage, quelle élégance... C'est ce que j'aime, chez Fuller, cette élégance... Tomber les filles, ce n'est pas qu'une expression... On ne s'embarrasse pas de discours... Pas le temps de conter fleurette... Un grand coup de poing dans la figure de la femme supposée fatale et la voilà KO et bientôt toute chiffon, conquise... finalement plus du tout fatale... et c'est tant mieux, car elle était mal barrée, quelque part, cette petite, avec ses airs de vamp... (A un moment, un chat est lancé dans le cadre, ça non plus je ne l'ai jamais oublié... Je n'ai pas non plus oublié Lightning Louis mangeant son bol de nouilles chinoises... Ce soin apporté au détail, au petit rôle...) C'est un film sans gras, sec comme un coup de trique, 1 heure 17 tout mouillé de chaud à la pesée... Je suis nostalgique de cette époque où luisaient, dans la nuit (où pourtant rien ne luit, comme le dit la fameuse chanson des gardes suisses), Samuel Fuller, Jules Dassin, Robert Siodmak... C'est un peu comme le jazz, pour moi, le film noir... une époque déjà lointaine, révolue, devenue mythique... Je revois Pickup on south street comme j'écoute Now's the time de Charlie Parker... C'est toujours le moment...

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