vendredi 16 janvier 2009

Mon père regardait l'objectif. Ma mère regardait ma sœur qui regardait les bougies qu'elle soufflait sur son gâteau d'anniversaire. Moi, je m'étais brûlé le bout du nez à une bougie, je n'avais pas un an et regardais ailleurs. La petite robe imprimée de ma mère, le marcel de mon père, la toile cirée avec des roses. Le globe de verre sur le frigo avec dedans les fleurs artificielles. Chez mes grands-parents. Je regarde dans la direction de la fenêtre, ou de l'évier, je ne sais plus très bien. J'ai toujours beaucoup aimé les fenêtres, ainsi que les éviers. Je n'ai jamais beaucoup aimé les anniversaires. Peut-être bien parce que je me suis brûlé le bout du nez ce jour-là. Composition en triangle, dominée par la mère. Tout semble tellement tranquille, serein, une jolie petite famille, heureuse, à la fin des années soixante, même si maintenant je distingue une légère mélancolie dans le regard de mon père. Ma mère est bien campée, regard couvant la petite, bras veillant le petit. Sa présence est indiscutable, c'est une madone. Mon père semble vouloir s'incruster dans la scène, un peu inconfortablement, une épaule rentrée, comme s'il désirait lui aussi faire partie de la couvée, au moins entrer dans le triangle. Il est le seul à poser vraiment pour la photo. Ils étaient beaux, en tout cas, mes parents. Je me souviens que j'étais fier, quand j'étais petit, d'avoir des parents aussi beaux. J'ai toujours trouvé cette photo très émouvante. Personne ne regarde dans la même direction. Les filles regardent ce qui est proche, dans le triangle, les garçons ce qui est loin, à l'extérieur... Il me semble que ma main droite est sur le gâteau...

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