jeudi 25 avril 2013

[Me retournant.] Les vieux sont sur les bancs. Les Roms sont dans les prés. [Qui a raison?] J'avais besoin de soleil. [Mes os.] Me suis trouvé un banc, mis à rôtir en picorant le bonheur des petits poissons. [Très bien pour quand on est dehors, en terrasse ou sur un banc.] Alors, un vieux est venu s'asseoir sur mon banc, la casquette, la grosse veste de cuir, transpirait pas une goutte, c'est ça les vieux ils ne se rendent plus compte, s'il fait chaud, froid. Je sens sa masse (désagréable, molle, envahissante) à côté de moi, ça me rappelle the blob que j'ai vu il y a quelques soirs. Il respire fort. Sa présence m'oppresse. Un autre vieux survient, mais en fauteuil roulant et ils se mettent à palabrer. Oui oui, 52 ans, il est malade. [Son fils?] L'en a encore pour dix ans, oui oui. [Avant la retraite?] Mais on n'a pas à se plaindre, hein?... Mais on n'a pas à se plaindre, hein?... Mais on n'a pas à se plaindre, hein?... [Trois fois. Pas sourd, l'autre, pourtant, celui en fauteuil, apparemment, même s'il ne répond pas, ou alors juste un peu en branlant la tête on ne sait si c'est de bas en haut ou de droite à gauche, indistinctement.] Et autrement? Ça va? – Oui oui, on n'a pas à se plaindre et puis là je l'attends, hein... – Qui ça?... – Ben lui... – Ah... J'hésite à migrer aussitôt. Ils parlent fort. Ne sentent pas bon. [Même si je suis à bonne distance et ne peux les sentir, je sais qu'ils ne sentent pas bon.] Me dépriment. Profondément. Plus la sourde terreur d'être contaminé, voire même absorbé. [the blob...] Mais il s'en va, sur ses roues, l'autre vieux. Un peu affligé, mais goûtant un début de délivrance, tout de même un petit peu philosophe, dans un grand soupir me remets dans les petits poissons, comme quoi fumer il n'y a rien de mieux et je suis bien d'accord et je m'en grille alors une, enfin, un peu de brouillard est parfois et même très souvent salutaire... Pas pour longtemps : un autre type bientôt survient. Plus jeune. Gras. Luisant. En tee shirt. Avec une gourmette. [Le fils?] Ça parle testament. Oui mais... si je fais mon testament... – C'est bien ce que je te dis... [Une bonne dizaine de fois.] Puis, le vieux, sans préambule : Une bonne queue, dans les toilettes, t'attraperas pas le sida... [Peut-être pas son fils, alors? Son amant?] Je referme mes petits poissons. Jette un œil derrière moi. Le Paradis était si proche. On aurait dit un Gauguin, sur le coup. Et disparais.

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