samedi 17 avril 2010

(Après Street Angel, m'étirant comme un chat après la sieste.) Le cinéma, c'était un truc du XXème siècle peut-être seulement, je me dis. C'est comme le jazz, c'est fini, c'est le passé, le de plus en plus lointain et nébuleux passé. Les brumes du rêve se sont peu à peu dissipées. Il n'en reste plus grand chose, de ce mystère des origines. On s'est mis ensuite à faire parler les acteurs. Puis la couleur est venue. Maintenant, il y a la 3D, Avatar, on en prend plein les yeux, fascinés de bout en bout, c'est du très grand spectacle. Mais qu'en reste-t-il? Un film assez banal et même un peu simplet, finalement, dont le seul vrai intérêt est la technologie développée pour le réaliser. (Mais on ira voir Avatar 2, évidemment, on a même hâte qu'il existe, parce qu'on en veut encore, on est même toute langue pendante, baveuse, toute cervelle avide de vide en attendant la chose, même si on connaît la suite que n'importe qui pourrait écrire en un quart d'heure sur un coin de table de fast food, on est bien de son époque... Grosso-modo, ce sera l'empire contre-attaque... Vivement... Le THX est mort!... Vive le Real3D!... (Aucune ironie là-dedans, je suis vraiment client...) Comme si on croyait que le rêve pouvait renaître avec des béquilles, des trucs pour donner du relief à ce qui a perdu toute profondeur...) Qui se souvient encore de Janet Gaynor et de Charles Farrell? Qui se souvient de Frank Borzage? C'était du rêve. De l'émotion. On n'avait pas encore appris à parler et donc on ne disait pas encore trop de conneries. L'histoire qui nous est contée est très banale, bien plus banale par exemple que celle d'Avatar. On la connaît même par cœur, cette histoire, c'est un peu comme ces bluettes que chantait Billie Holiday, sauf que là ça finit plutôt bien. Elle aurait pu chanter n'importe quoi, Billie, de toutes façons... Là, c'est un peu pareil, Borzage, avec Janet Gaynor et Charles Farrell, ils auraient pu prendre n'importe quelle histoire... Leur association tenait de l'alchimie, ils auraient transformé n'importe quoi en rêve... C'est une histoire d'amour, voilà, il n'y a rien à dire de plus, à un moment, il est à deux doigts de l'étrangler, comme dans toute histoire d'amour qui se respecte, il faut dire qu'il a tellement souffert, quand elle a disparu, tellement d'amertume en a résulté, il a même perdu foi en son art... (Dans l'Aurore également le meurtre n'était pas très loin...) Parce que dans l'ombre, tapie, attendant son heure, il y a toujours une menace et même et surtout l'amour le plus tendre, le plus pur peut y sombrer, dans l'ombre... Et puis il y a la lumière... On peut la retrouver, parfois, même si on l'a perdue depuis longtemps... (On a bien le droit de rêver...)

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