lundi 1 décembre 2008

Quand je suis arrivé à Lyon, il y a 12 ans, j'ai remarqué un type qui traînait toujours dans les rues de St Jean. Il était toujours avec son sac à dos, ses lunettes de soleil d'alpiniste, ses cheveux longs, semblait connaître tout le monde. Un peu plus âgé que moi. Je m'étais dit que ce type était dans la rue par choix de vie, par philosophie, car il semblait bien vivre. Il ne faisait jamais la manche, il y avait toujours quelqu'un pour l'inviter à manger, lui payer un coup, il semblait avoir de la discussion, être sympathique, soigné. Puis je ne l'ai plus vu. Je l'ai retrouvé bien des années plus tard, quand j'ai changé de quartier. Maintenant il fait la manche dans ma rue, juste à la sortie du supermarché, il a souvent une bouteille à la main, titubant, parle tout seul en faisant des grands gestes, parfois même il insulte les gens. Il a pris un coup de vieux. A moitié édenté. Ses vêtements sont sales. Plus personne ne s'arrête. Parfois, quand je croise son regard, j'ai l'impression qu'il me reconnaît et qu'il a honte, ou alors il me toise, narquois, car je passe avec mes courses, sur le chemin de mon petit chez moi petit bourgeois. Il y a quelques jours, il m'a demandé un euro et je lui en ai donné deux, je lui ai demandé si ça allait, s'il n'avait pas trop froid, dehors. Il est alors parti dans une tirade sur les gens qui... "s'introvertissent, quand c'est l'hiver..." comme il a dit. On a échangé quelques mots. J'ai eu l'impression qu'il était rassuré de sentir que je ne le méprisais pas, que je lui parlais normalement.

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