vendredi 22 février 2013

Le père, au début, lors d'un pique-nique, tente de revolvériser ses enfants, avant d'incendier sa voiture et de se brûler la cervelle. La jeune fille et son petit frère se retrouvent alors perdus en plein désert. C'est un voyage initiatique, walkabout. On n'en fait plus guère, des films comme ça. Question d'époque. On ne saurait plus érotiser ainsi une jeune fille de quinze ou seize ans. D'ailleurs, ici, elle n'est pas érotisée, mais simplement érotique en elle-même. Une jeune femme plus qu'une jeune fille. Une femme qui éclot, il n'y a rien d'ambigu. On se dit que c'est beau, c'est tout et on chemine et passe à côté du Paradis sans presque s'arrêter. À la fin on a le cœur serré, car on a perdu quelque chose. On a même tout perdu. C'était tellement simple, il faut dire, il y avait une telle évidence. La fourche d'un arbre, les jambes de la jeune fille. Le désert. L'aborigène accomplissant son voyage initiatique pour devenir un homme voit en elle une femme et même sa femme. Ils ne parlent pas la même langue mais se comprennent d'instinct. Mais elle a peur, à un moment, de l'évidence, de l'essentiel. Et tout disparaît. Ce monde malade où le père a voulu tuer ses enfants, ce cancer de béton et de miroirs, elle y retourne quand même, ça ne lui a pas suffi comme avertissement. On ne lui en veut pas. On aurait sans doute fait la même chose. On a d'ailleurs fait la même chose, si un jour on s'est retrouvé à la croisée des chemins. À la fin, elle n'est plus une jeune fille, ni une jeune femme, mais une femme, une femme accomplie et même terminée, comme si la vie s'était arrêtée. Son mari insipide en costume lui annonce sa prochaine promotion, quelle vie magnifique ils auront, elle fait mine de trouver ça intéressant, mais ne songe plus qu'à son monde perdu. Ils parlent la même langue mais ne se comprendront jamais. Ils vieilliront peut-être ensemble, mais ne vivront sans doute jamais rien ensemble.

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