mardi 13 décembre 2011

Avant, on rêvait mieux, quand même, je me dis, après here comes Mr. Jordan. On riait mieux aussi. On pleurait mieux aussi. Au cinéma. Il est boxeur, se crashe en avion même s'il a son saxophone porte-bonheur, dont il ne sait jouer qu'un air, son air, rengaine dans le genre de celles qu'Albert Ayler affectionna tant quelques années plus tard. D'ailleurs, je ne serais pas étonné d'apprendre que c'est après avoir vu ce film qu'Albert Ayler a vraiment trouvé son style, sa voix. (Il recevait souvent des menaces de mort, à cause de son style, de sa voix, qui pouvait déplaire à certains. On l'a retrouvé noyé, mystérieusement, dans l'East River, en 1970. La première fois que je l'ai entendu, un soir, à la radio, c'était summertime, ma vie a changé, vraiment. C'était à l'époque où je soufflais beaucoup aussi dans mon saxophone.) On rêvait mieux, je disais. Il se crashe en avion. Sauf que le collecteur d'âmes le collecte trop tôt. Ce n'était pas son heure. Maintenant, il s'agit de retrouver un corps. Variation, donc, sur le ciel peut attendre, ça donne envie de revoir les versions de Lubitsch et de Powell. C'était l'époque du jazz, on prenait un thème, on le jouait, ça n'emmenait jamais au même endroit, on ne s'en lassait jamais. Alexander Hall s'en sort très bien, très sobrement. J'essayerai d'en voir d'autres. En tout cas, je n'oublierai pas son nom, même si l'Histoire l'a peut-être un peu oublié. Mais qu'est-ce que l'Histoire? Chacun se fait la sienne. De mon point de vue, c'est toujours mieux en minuscule.

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