jeudi 10 février 2011

Je regarde Mad Men. C'est d'une belle lenteur, aux antipodes de le plupart des séries actuelles. On se croirait parfois dans un tableau d'Edward Hopper. Il y a des corps, des silhouettes, dans des décors. Le temps s'est arrêté. Même s'il continue. Le lent ballet des âmes solitaires qui se frôlent sans jamais vraiment se toucher. Les hommes sont en costume et portent des chapeaux. Les femmes sont en robe très souvent imprimée, poitrines brevetées playtex. On fume beaucoup. On boit beaucoup. On se cache beaucoup. Que cache-t-on? Que craint-on de laisser échapper? Il n'y a rien de très pervers, rien de très noir à dissimuler. (On n'est pas dans Dexter.) On cache son humanité, si ça existe. C'est beau et triste à la fois. Le silence en dit parfois bien plus que tous les longs discours. Il en dit surtout bien mieux. Quand deux âmes se trouvent, subrepticement, se reconnaissent, il n'y a jamais d'effusions, c'est tout juste une fugace lueur au coin de l'œil. Souvent, il ne se passe rien, ou pas grand chose. On se contente d'être là, de respirer le même air. On n'est pas pressé de changer d'atmosphère. On est là et en même temps on n'y est pas, ou peu, ou plus, peu importe. Des petites choses inquiètent. Ça sent bizarre, non?... Bets a-t-elle une tumeur au cerveau? Et moi, ai-je une tumeur au cerveau? Parce qu'il n'y a pas longtemps, chez moi, régulièrement, à l'heure du thé, je sentais dans l'air comme des effluves de mazout... Juste une petite pointe, comme ça... Tiens, c'est bizarre... Peut-être les canalisations?... Et puis on passe à autre chose... S'il doit venir, il viendra, le cancer... Ce serait terrible, si Bets avait une tumeur au cerveau... En attendant, l'idée s'est installée, sournoisement...

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