mardi 15 février 2011

En 66, je nais. En 66, sort également quand l'embryon part braconner, de Koji Wakamatsu. Le spectateur japonais, qui venait voir un porno, devait tirer une sacrée gueule, en tombant sur une telle chose. Il y avait sans doute aussi les initiés, ceux qui savaient ce qu'il faisait, le Koji. Devait se mêler dans la salle toute une faune de voyeurs branleurs et d'intellos arty... Moi je découvre, en ce moment, ce qu'il faisait, le Koji. C'est assez dingue. Maman, qu'il lui dit, à la fin... Même si le sado-masochisme est très présent dans la culture japonaise, on est quand même assez estomaqué. Ce n'est plus simplement du domaine du rituel censé émoustiller, comme dans nombre de films japonais érotiques de cette brillante époque. Et là, il n'y a aucune complaisance, aucun soucis de plaire. C'est complètement tordu et à la fois complètement droit, dur et vif comme la lame du rasoir. Maman... Tourné en 5 jours... Hallucinant... Et tous ses films le sont, hallucinants... Individus profondément perturbés, ou complètement anomiques. Par delà le bien et le mal... Cinéaste de la révolte, ses révoltés sont tous de dangereux abrutis qui tuent et violent souvent juste parce qu'il n'y a rien d'autre à faire... (Le seul personnage touchant, le seul en qui j'ai pu un peu m'identifier, est le facteur qui recherche le tueur de son fils dans Shinjuku mad, pour comprendre.) Les vieux sont des vieux cons et les jeunes des psychopathes en puissance ou avérés... No future... Peut-être que son plus digne héritier (en plus rigolo) est Miike?... (Haneke, peut-être aussi, première période, en moins rigolo...) En tout cas, c'est moins beau, Miike... Parce que c'est d'une beauté parfois sidérante, Wakamatsu... A la même époque, Godard faisait ses films mao... Ça a très très mal vieilli, ses films mao... La Chinoise, quel ennui... Alors que le nihilisme de Wakamatsu est toujours très actuel... Il n'y a aucun espoir, aucune idéologie ne pourra jamais nous sauver de l'enfer d'exister... Il n'y a pas d'amour, pas d'amitié... Il n'y a que l'individu... Et l'individu est une bête... En groupe, c'est une meute...

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