lundi 29 novembre 2010












 

On s'entend bien.











 

une si jolie petite fleur...

vendredi 26 novembre 2010

C'est à croire parfois qu'il n'y a plus rien à espérer, de rien. On a tout vu, tout entendu, tout vécu. Ou alors rien. Les rêves ne surprennent plus, comme si on les avait rêvés déjà mille fois, tout comme les jours qui sont toujours les mêmes, tout comme les nuits, toujours ce même coup d'œil par la fenêtre avant d'aller se coucher, pour voir où est la lune, comme un réflexe, en se brossant les dents. Car on se brosse les dents, avant d'aller se coucher. la vie est faite de petites choses qui se succèdent. Il y a un ordre. On ne se torche pas le cul avant d'avoir chié. Ce genre de chose. On est esclave de cet ordre. On est là, c'est tout. Il n'y a rien de glorieux. Quand on se regarde dans le miroir, on se trouve une figure triste, encore plus quand on esquisse un sourire. Le temps a passé. Il n'y a pas si longtemps, on était encore un enfant, on jouait dans la cour, les rêves étaient encore neufs, le merveilleux, courir était une joie dans l'espace des possibles, l'air vibrait des rumeurs infinies de l'instant. Maintenant, on est presque un vieillard. Déjà. Que s'est-il passé entre temps? Ne restent que des mondes perdus dans la brume. Pas toujours beaux. Et ceux qui sont beaux, si rares, il ne faut plus trop les évoquer, car c'est tellement douloureux de les savoir disparus. On a mal aux dents. Elles sont un peu branlantes. On a un creux dans le ventre, un vide, même après avoir mangé. La peau flasque. Et depuis quand porte-t-on cette moustache? Existerait-on encore sans cette moustache? Non, l'aube ne sera pas radieuse... Les lendemains ne chanteront pas... Mais prendre quand même tout ça, là, maintenant, ce fardeau de néant et le laisser s'échapper dans un souffle... Il n'y a plus que le son, avec cet énorme vibrato, cette tendresse infinie... Le son, c'est tout... Tout est dans le son... Il fait comme des volutes... Et le son console, le son emporte loin de tout ça, d'un coup il s'élève et ça nous serre la gorge on ne sait pas trop pourquoi... Ça s'adresse à une part de nous-mêmes que l'on ne contrôle pas, que l'on ne connaît pas... On se sent autre, plus léger, peut-être seulement enfin soi-même... Quand ça s'arrête, le silence, pour un temps, n'est plus le même...

mardi 23 novembre 2010

Rien que ce côté de toi qui va s'effaçant, suffit à exalter ma vie. (Poème de Wan Xia) Ainsi se clôt 24 city (Film de Jia Zhang Ke), même s'il ne se clôt pas. Il s'est mis à faire froid. J'ai eu envie de thé noir, ai hésité longtemps entre Jin Zhen et Qimen Mao Feng, ai finalement choisi Jin Zhen, que je ne connaissais pas. Plaisirs inconnus. Le monde change. Et pourtant il ne change pas. Still Life m'avait sidéré. 24 city m'a profondément ému. L'esprit vagabonde. C'est ce qui me plaît tellement, dans les films de Jia Zhang Ke. On pose son regard, ici, ou là. Rien n'est imposé. L'antithèse d'une autre modernité, celle d'Avatar, totalitaire, où le regard est dirigé, cloisonné, fasciné, n'a finalement plus grand chose à regarder. En outre, les films de Jia Zhang Ke sont je crois les premiers films tournés en numérique que je trouve plastiquement magnifiques. Une esthétique nouvelle. Ils ne cherchent pas à ressembler à autre chose. Que ce soit un documentaire, ou une fiction, ça n'a plus beaucoup d'importance. Le monde change. (Et pourtant, il ne change pas.) Le regard vagabonde. C'est beau, une usine d'armement. Et toutes ces existences dedans. C'est beau, un bâtiment d'usine d'armement qui s'effondre. Et toutes ces existences dedans. C'est beau, un être humain, je l'avais oublié. Il filme le moment. Le moment où. Le moment quand. Il se permet de citer Yeats. Finalement, il n'y a que la poésie, qui importe vraiment, l'infinitésimal, l'infini. L'esprit vagabonde. Là est la seule vraie liberté. Ce qui pourrait sembler trivial atteint le sublime. Comme elle est triste, l'histoire de petite fleur... Et belle aussi... La plus belle fille de l'usine d'armement, celle dont tout le monde rêvait, s'est finalement retrouvée toute seule... Elle est toujours la plus belle, petite fleur... Mais sa beauté, inaccessible, est une sorte de malédiction... Il y a tellement d'histoires... Chacun à la sienne, simple, belle, édifiante... On n'en veut même pas à Nana d'avoir choisi de faire de l'argent, le plus possible, plutôt que d'être un personnage de Zola... A la fin, on pleure même un petit peu avec elle...

lundi 22 novembre 2010

J'ai revu avec grand plaisir la vie d'un tatoué, de Seijun Suzuki. A une époque, fasciné par la marque du tueur, le premier film de Suzuki que je voyais, je m'étais rué sur tout ce que je trouvais du cinéaste, frôlant l'indigestion. Des années plus tard, j'y reviens, doucement, c'est bien meilleur. J'ai acheté une bonne bouteille de Whisky, subtly sweet yet smoky... En apprécierais-je encore la saveur après cinq verres d'affilée? Étonnant, ce Seijun Suzuki...

lundi 15 novembre 2010







Après Lady Snowblood et l'apprentie geisha, j'ai dévoré le fleuve Shinano, du grand Kazuo Kamimura. Comme c'était fin. Comme c'était beau. Parfois, je suis resté captif d'une planche, comme d'un tableau.

vendredi 12 novembre 2010

Certains films gagnent tellement à être revus. C'est comme pour tout, la première fois n'est pas forcément la meilleure. On peut rater le moment, passer à côté, être déçu dans ses attentes, quand on en a. On se met alors à cogiter, à ne voir que des effets, grandement soulagé d'arriver à la fin de ce moment pénible. Bien des années plus tard, avec un peu de réticence, mais tiraillé par un je-ne-sais-quoi, une vague réminiscence, quelque chose que j'avais capté peut-être malgré moi : Tiens, si je revoyais l'homme sans frontières... Et là, ce n'est plus la même chose. Le moment est parfait. La lenteur, qui m'avait autrefois exaspéré, m'a aujourd'hui envoûté. Un film extraordinaire. (Ça m'avait fait à peu près le même effet avec McCabe & Mrs Miller, de Robert Altman.) Inversement, la première fois, on peut être ébloui par un film, ou autre chose, ou quelqu'un d'autre, pour plus tard et cette fois durablement n'y voir que des effets. (Le pire, c'est de persister à vouloir voir du sublime tout en sachant parfaitement que c'est de la merde. Mais c'est tellement humain, de s'agripper à ses rêves...) Dans la foulée, j'ai envie de me faire une rétrospective Warren Oates. Comme il était bien, dans cockfighter, two-lane blacktop, de Monte Hellman, dans apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia, le plus beau Peckinpah. J'adore Warren Oates.

mercredi 10 novembre 2010

Mon cul. C'est la première fois que je photographie mon cul. (A l'aveuglette, le bras tendu.) Ça pourrait être celui d'un autre, ou même d'une autre, en plissant les yeux, qui serait très poilue, une Allemande peut-être. Mais c'est le mien. Mon cul. Je n'ai pas l'habitude de le voir. (Je n'ai aucun miroir chez moi à hauteur de cul.) C'est intéressant. Une facette de moi-même que j'ai un peu ignorée jusqu'à présent. Connais-toi toi-même. Si tu ne connais pas ton propre cul, comment pourrais-tu te connaître? C'est un peu comme un visage, un cul, ça exprime quelque chose. Non, je ne suis pas du tout exhibitionniste. Je ne suis pas particulièrement fier de mon cul, ni d'aucun autre morceau de ma personne. C'est juste que ça m'intrigue. Mon cul m'est à la fois familier et étranger. Si je ne savais pas que c'est le mien, le reconnaitrais-je? Que ressentirais-je alors en découvrant ce cul? Sympathique? Antipathique? Dur? Mou? Rugueux? Soyeux? Actif? Passif? Triste? Joyeux? Banal? Distingué? Érotique? Repoussant?... Je me souviens alors d'autres culs... D'un cul l'autre... Un que j'ai à peine aperçu et qui m'a hanté pendant des années, des années, un cul à rendre fou, vraiment, à se damner... Un autre que j'ai plus eu le temps de regarder et alors, comme Brigitte Bardot dans le mépris, couchée sur le ventre, elle m'a demandé : Et mon cul, tu l'trouves comment mon cul?... Bien, bien... Pas trop gros?... Mais non, tu plaisantes, on dirait un cul de jeune garçon... (J'aurais mieux fait de me taire, comme bien souvent... Elle est partie, avec un Américain vulgaire en Alpha-Roméo... Je te méprise, qu'elle m'a même dit...) Je m'égare. Le cul des autres, c'est une toute autre histoire. Il faudrait pouvoir se faire un album, où il n'y aurait que des culs, les culs de tous ceux que l'on a connus, jeunes ou vieux, famille, amis, amours, collègues, simples connaissances, commerçants du quartier, la piquante marchande de saucissons du marché place Carnot, la douce boulangère rue de la Charité... Et puis aussi le gros boucher bien rouge, le buraliste tout gris et sec comme une momie...