mardi 23 novembre 2010

Rien que ce côté de toi qui va s'effaçant, suffit à exalter ma vie. (Poème de Wan Xia) Ainsi se clôt 24 city (Film de Jia Zhang Ke), même s'il ne se clôt pas. Il s'est mis à faire froid. J'ai eu envie de thé noir, ai hésité longtemps entre Jin Zhen et Qimen Mao Feng, ai finalement choisi Jin Zhen, que je ne connaissais pas. Plaisirs inconnus. Le monde change. Et pourtant il ne change pas. Still Life m'avait sidéré. 24 city m'a profondément ému. L'esprit vagabonde. C'est ce qui me plaît tellement, dans les films de Jia Zhang Ke. On pose son regard, ici, ou là. Rien n'est imposé. L'antithèse d'une autre modernité, celle d'Avatar, totalitaire, où le regard est dirigé, cloisonné, fasciné, n'a finalement plus grand chose à regarder. En outre, les films de Jia Zhang Ke sont je crois les premiers films tournés en numérique que je trouve plastiquement magnifiques. Une esthétique nouvelle. Ils ne cherchent pas à ressembler à autre chose. Que ce soit un documentaire, ou une fiction, ça n'a plus beaucoup d'importance. Le monde change. (Et pourtant, il ne change pas.) Le regard vagabonde. C'est beau, une usine d'armement. Et toutes ces existences dedans. C'est beau, un bâtiment d'usine d'armement qui s'effondre. Et toutes ces existences dedans. C'est beau, un être humain, je l'avais oublié. Il filme le moment. Le moment où. Le moment quand. Il se permet de citer Yeats. Finalement, il n'y a que la poésie, qui importe vraiment, l'infinitésimal, l'infini. L'esprit vagabonde. Là est la seule vraie liberté. Ce qui pourrait sembler trivial atteint le sublime. Comme elle est triste, l'histoire de petite fleur... Et belle aussi... La plus belle fille de l'usine d'armement, celle dont tout le monde rêvait, s'est finalement retrouvée toute seule... Elle est toujours la plus belle, petite fleur... Mais sa beauté, inaccessible, est une sorte de malédiction... Il y a tellement d'histoires... Chacun à la sienne, simple, belle, édifiante... On n'en veut même pas à Nana d'avoir choisi de faire de l'argent, le plus possible, plutôt que d'être un personnage de Zola... A la fin, on pleure même un petit peu avec elle...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire