vendredi 26 novembre 2010

C'est à croire parfois qu'il n'y a plus rien à espérer, de rien. On a tout vu, tout entendu, tout vécu. Ou alors rien. Les rêves ne surprennent plus, comme si on les avait rêvés déjà mille fois, tout comme les jours qui sont toujours les mêmes, tout comme les nuits, toujours ce même coup d'œil par la fenêtre avant d'aller se coucher, pour voir où est la lune, comme un réflexe, en se brossant les dents. Car on se brosse les dents, avant d'aller se coucher. la vie est faite de petites choses qui se succèdent. Il y a un ordre. On ne se torche pas le cul avant d'avoir chié. Ce genre de chose. On est esclave de cet ordre. On est là, c'est tout. Il n'y a rien de glorieux. Quand on se regarde dans le miroir, on se trouve une figure triste, encore plus quand on esquisse un sourire. Le temps a passé. Il n'y a pas si longtemps, on était encore un enfant, on jouait dans la cour, les rêves étaient encore neufs, le merveilleux, courir était une joie dans l'espace des possibles, l'air vibrait des rumeurs infinies de l'instant. Maintenant, on est presque un vieillard. Déjà. Que s'est-il passé entre temps? Ne restent que des mondes perdus dans la brume. Pas toujours beaux. Et ceux qui sont beaux, si rares, il ne faut plus trop les évoquer, car c'est tellement douloureux de les savoir disparus. On a mal aux dents. Elles sont un peu branlantes. On a un creux dans le ventre, un vide, même après avoir mangé. La peau flasque. Et depuis quand porte-t-on cette moustache? Existerait-on encore sans cette moustache? Non, l'aube ne sera pas radieuse... Les lendemains ne chanteront pas... Mais prendre quand même tout ça, là, maintenant, ce fardeau de néant et le laisser s'échapper dans un souffle... Il n'y a plus que le son, avec cet énorme vibrato, cette tendresse infinie... Le son, c'est tout... Tout est dans le son... Il fait comme des volutes... Et le son console, le son emporte loin de tout ça, d'un coup il s'élève et ça nous serre la gorge on ne sait pas trop pourquoi... Ça s'adresse à une part de nous-mêmes que l'on ne contrôle pas, que l'on ne connaît pas... On se sent autre, plus léger, peut-être seulement enfin soi-même... Quand ça s'arrête, le silence, pour un temps, n'est plus le même...

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