vendredi 1 juin 2012

J'ai revu detour. Ce n'est jamais que la 3ème copie que j'acquiers. Hier encore, ça me faisait rager, de ne pas pouvoir trouver mieux que des copies à 2 balles. Sur celle-ci, vers la 45ème minute, l'image se met à onduler fortement de haut en bas, pas trop longtemps heureusement. Mais le reste du temps, ça va, à peu près. En même temps, c'est pas cher, 2 balles, on ne se plaint pas trop alors. C'est pas vraiment net. Le son est un peu sourd. Mais ça peut aller. C'est pas mieux que les 2 autres copies que j'avais, mais c'est pas pire. Il n'y a que des copies à 2 balles de toutes façons, il faut se faire une raison, je vais arrêter d'en chercher d'autres en espérant un miracle, d'autant plus que le cinéma d'Edgar G Ulmer est un cinéma à deux balles, si on veut, tourné à toute allure sur des scénarios souvent improbables avec quelques malheureux dollars tout froissés et poisseux. Detour, c'est peut-être son chef-d'œuvre. J'imagine souvent quelle œuvre il aurait menée s'il avait eu d'autres moyens, si, par exemple, comme Jacques Tourneur, il avait trouvé son Val Lewton, rien de mirobolant, juste de quoi travailler plus proprement. Mais il n'a rien trouvé de mieux que séduire la femme du neveu préféré du patron d'Universal... En même temps, il n'aurait pas été le même Ulmer, s'il n'avait pas séduit la femme du neveu préféré du patron d'Universal et on aurait eu du mal à dégoter un autre poète de ce calibre de la série B voire Z qu'il illumine à lui seul et detour, perle noire au fond d'une poubelle, n'aurait sans doute jamais luit ainsi dans la nuit. Il a trouvé parfois la grâce, dans sa disgrâce. J'en découvre plein, en ce moment, des films d'Ulmer, science-fiction, horreur, film noir, prévention contre la syphilis et caetera et ne trouver que des copies à 2 balles me dérange de moins en moins. Peut-être qu'un jour on se décidera à restaurer ses films et peut-être que ce jour-là, en fin de compte, après l'avoir tellement désiré et m'être tellement plaint de la qualité misérable du matériel existant, j'en serai totalement navré, parce qu'une copie d'un film à 2 balles d'Edgar G Ulmer, il faut peut-être que ce soit un peu aussi à 2 balles, avec des images pas bien nettes qui bougent ou même qui manquent, des brusques changements de luminosité, des blancs parfois tout gris ou au contraire aveuglants, des méchantes rayures, un son pourri, il faut peut-être que ça reste un peu sale, douteux, en somme. La poésie, elle, n'est jamais à 2 balles. (Une seule suffit.)

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