dimanche 13 mars 2011

J'ai vu True Grit, des frères Coen, très dispensable, passable remake quoiqu'assez distrayant, jovial et cabotin, du True grit d'Henry Hathaway, que j'ai revu avec grand plaisir le lendemain. C'est loin d'être le meilleur western d'Hathaway, mais il faut considérer que c'est le crépuscule, celui du western, 1969, avec un John Wayne vieux, gras et borgne presqu'au bout de la dernière bobine, comme le western. Beaucoup de charme donc, et de mélancolie. Du coup, je reste chez Hathaway, quelques jours plus tard, avec le formidable Rawhide. Tout naturellement, les fabuleux décors naturels de Lone Pine me donnent envie de revoir la série des westerns de Budd Boetticher avec Randolph Scott. Ce dernier, avec son allure sèche, son visage de pierre, semble être une émanation de Lone Pine. Comme si ce désert pierreux en avait accouché et l'avait livré au monde pour accomplir son œuvre. Ils sont très beaux, ces westerns, très épurés, à la limite parfois de l'abstraction, convenant donc parfaitement aux natures contemplatives, même s'il s'agit également de films d'action menés tambours battants, sans gras, tout en os et tendons. Avec de tels films, on comprend ce qu'est le style, au cinéma. On comprend aussi que pour arriver au style, j'en parle comme s'il s'agissait d'un lieu et peut-être bien après tout qu'il s'agit d'un lieu, ailleurs, il faut déjà maîtriser une certaine grammaire, pour ne plus en être seulement esclave, même si ce n'est pas suffisant. Maîtriser, ce n'est jamais suffisant. (Il faut trouver la porte, ensuite, pour sortir de la maîtrise. S'il n'y en a pas, de porte, il faut en percer une, à coups de pioche, de dynamite, de tête ou de n'importe quoi, pour sortir. Sinon, on est comme l'oisillon prisonnier de sa coquille. Il faut une certaine énergie, pour ne pas crever dans l'œuf.) C'est comme en littérature, il ne suffit pas de savoir écrire, de connaître la grammaire et l'orthographe, pour écrire. Beaucoup de ceux qui font des films aujourd'hui n'ont aucun style, ne connaissent même pas leur grammaire, ne sont peut-être même pas conscients qu'il y en a une. Les frères Coen, par exemple, on peut se demander s'ils n'usent pas simplement d'effets de style, à défaut d'en avoir, des petits trucs de séduction qui font mouche et qui les rendent malins et alors le spectateur aussi se trouve malin et tout le monde est bien content.

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