lundi 26 octobre 2009

De tous les films d'Ishiro Honda que j'ai pu voir, Matango est le plus beau, le plus rigolo, le plus subtilement érotique, le plus intelligent et peut-être aussi le plus subversif. La seule question est peut-être : manger des champignons ou pas. Le héros, à la fin, le seul qui a résisté à la tentation d'en prendre, se transforme quand même en monstre mycomorphe. Sauf que maintenant, de retour dans la civilisation, il est tout seul, le seul de son espèce. Mais pourquoi donc n'est-il pas resté sur l'île des champignons hallucinants? Ils semblaient bien rigoler, là-bas, les champignons. Sa condition humaine valait-elle un tel sacrifice? S'il avait su, avant de fuir l'île, qu'il était contaminé lui aussi... La femme qu'il aimait s'est transformée en champignon... N'aurait-il pas pu continuer à l'aimer?... Il lui avait pourtant dit qu'il ne pourrait pas vivre sans elle... Même si, quand on devient champignon, les choses doivent bien changer, quand on y songe... L'amour, par exemple, est-ce que ça tient encore, quand on est devenu champignon?... Et le désir?... Mais est-ce tellement important?... Maintenant, il est tout seul, en phase de transformation, un peu lépreux, encore un peu humain... Des scientifiques l'observent, de loin, derrière des barreaux... Il est trop tard... Il aurait pu en prendre... Ça avait l'air très bon... Il aurait pu passer toute sa vie à rigoler, au moins...

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