vendredi 1 mai 2009

Cimino, reviens!... (Après avoir revu la porte du paradis...) A une époque pas si lointaine, je m'en souviens, on attendait avec ferveur le prochain film de Michael Cimino. Il y avait eu the deer hunter, puis la porte du paradis, deux films extraordinaires, des films monde, énormes, crépusculaires, fin des années 70, début des années 80... Fin d'une époque. The end. En 85, je suis donc allé voir l'année du dragon, qui ne pouvait qu'être un nouveau chef-d'œuvre. Grosse déception, quand même, car ce n'était qu'un très bon film, comparé aux deux précédents. Puis, peu à peu, Cimino s'est éteint. Qu'attend-on, aujourd'hui, du cinéma américain? Michael Mann nous a pondu le formidable collatéral, voilà, un des films les plus mémorables de ces dernières années, mais qui n'est peut-être pas plus finalement qu'un sommet de virtuosité sans doute très melvillien, et juste après il nous a pondu un gros navet boursouflé à peine regardable. Scorsese est parti depuis bien longtemps à la pêche à l'oscar... Coppola a pris un coup de vieux... Lynch fait de la méditation transcendantale, ne s'est toujours pas remis de la vision de Persona d'Ingmar Bergman... Les jeunes?... Tarantino nous amuse un moment, nous donne surtout envie de voir les films qu'il recycle, souvent bien plus intéressants... Lodge Kerrigan, oui, par exemple, c'est monstrueux, mais pas franchement dans le genre fresque épique... Beaucoup de choses autrement qui sont déjà périmées en quelques années voire même en quelques mois, comme les ordinateurs, qui fonctionnent sur le coup, par des sortes d'effets de mode, qui manquent très vite de mémoire vive. Je m'ennuie, moi, aujourd'hui, au cinéma, je m'endors, souvent, je sais de quoi je parle, je suis projectionniste... La dernière fois, c'était dans la brume électrique, que j'étais pourtant impatient de voir, alléché par des critiques enthousiastes, me disant que Tavernier, grand et passionnant amateur de cinéma américain, se réaliserait peut-être enfin là-bas, mais je n'ai pas trouvé la brume très électrique, hélas et je me suis littéralement endormi, il faut dire aussi que c'était juste après un stage de quatre jours d'aïkido et que j'étais très... très détendu... A un moment, un mouvement de caméra m'a semblé tellement gratuit et mal fichu, un simple effet, que je me suis dit : là, j'ai le droit de me rendormir... Voilà le genre de films qu'on attend, aujourd'hui... Alors, quand j'ai le cafard, je revois the deer hunter, parfois aussi la porte du paradis. Parce que c'est grand, on se perd dedans, ça remue, c'est beau. Et puis il avait sa façon de prendre son temps... On n'est pas pressé, quand même, d'arriver au bout d'un film... Ce n'est pas une corvée... Plus c'est long, plus c'est bon, quand c'est bon, non?... C'était le rêve de D. W. Griffith, le père de John Ford et Raoul Walsh, de faire des films de dix heures, vingt heures... Ça n'a pas suivi... Pas de temps à perdre... Pas assez rentable... (C'est peut-être la télé, finalement, qui a réalisé le rêve de Griffith, avec certaines séries...) Cimino, lui, il s'en foutait, du temps que ça durait, et que ça prendrait à faire, et combien ça coûterait, et il avait bien raison... Et puis l'histoire, celle de son pays, il la voyait à sa façon, et il avait bien raison, d'autant plus qu'elle était sacrément belle, son histoire, pleine de bruit et de fureur, de tendresse aussi... Voilà, c'était du cinéma, du grand cinéma, le Paradis quoi... Depuis, on dirait que la porte s'est refermée...

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