samedi 2 mai 2009

Je suis toujours autant ému, quand je revois cheyenne autumn. Pour son dernier western, John Ford a vu les choses en grand, tourné en 70 mm, une distribution pléthorique, des paysages somptueux, cieux à couper le souffle. Un sergent d'origine polonaise dit qu'il est fier d'être dans la cavalerie, mais qu'il a honte d'être un cosaque. Je ne suis pas seulement ému par la tragédie de l'agonie de la nation Cheyenne. Je suis ému aussi car ce film pourrait avoir pour titre : Ford's autumn. Il sait que c'est son dernier western. C'est ainsi une sorte de testament. Une veillée funèbre. De première classe. Presque tout le monde est venu. Même ceux qui ne font pas vraiment partie de la famille, Karl Malden fantastique, Edward G. Robinson, qui, on imagine, n'a pu se rendre à Monument Valley, pour une raison ou pour une autre et il semble être là parfois en duplex... Ne manquent que John Wayne (mais son fils est venu... et Richard Widmark est parfait...) et Victor Mc Laglen et peut-être aussi Ward Bond, ces deux derniers étant morts depuis quelques années et je me souviens du juge, dans Sergeant Rutledge, je m'étais dit que c'était un rôle pour Ward Bond, je comprends maintenant pourquoi il ne l'a pas joué... On retrouve Ben Johnson chevauchant, comme à la grande époque, aux côtés de Harry Carey Junior et ils n'ont pas pris une ride. John Carradine nous régale, comme toujours, dans une formidable scène de comédie, aux côtés de James Stewart et Arthur Kennedy (le duo mythique de certains westerns d' Anthony Mann), Wyatt Earp et Doc Holliday d'opérette, antithèses des personnages ténébreux et romantiques de my darling Clementine. On se demande ce qu'elle fout là, cette scène, puis tout devient clair. John Ford se moque un peu de lui-même, de la légende qu'il a lui-même créée. Il nous dit ainsi que la légende de l'Ouest, toutes ces histoires de héros solitaires dégainant leur révolver, tout ça est bien dérisoire, pour ne pas dire ridicule, c'est même du toc, à côté de la tragédie véritable, le génocide des Indiens d'Amérique, les seuls authentiques Américains. Jean Renoir, qui s'y connaissait, en êtres humains, disait de John Ford qu'il était un roi. Je suis du même avis.

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