jeudi 9 avril 2009

Barbara Stanwyck et Fred Mac Murray formaient au cinéma un couple aussi magnétique pour moi et même plus que Gene Tierney et Dana Andrews. Dommage que (à ma connaissance) ils n'aient tourné que deux films ensemble, deux chefs- d'œuvre absolus, Double Indemnity, de Billy Wilder et there's always another tomorrow, de Douglas Sirk. Je ne me souviens autrement de Fred Mac Murray que dans la garçonnière, du même Billy Wilder, où il est également formidable, mais dans un second rôle. C'est aux côtés de Barbara Stanwyck (qui elle est toujours extraordinaire, je me souviens de la dominatrice bottée de cuir menant au fouet sa horde de cavaliers lubriques, transmutée en midinette dans forty guns, de Samuel Fuller, dans l'emprise du crime (the strange love of Martha Ivers), de lewis milestone, l'homme de la rue de Franck Capra, Pacific express de Cecil B. de Mille et tant d'autres merveilles...) qu'il devient vraiment inoubliable. Il est une sorte de golem, massif, inexpressif, une matière brute, minérale, elle lui insuffle la vie... Il y a vraiment quelque chose de poignant, là-dedans... (Ça me fait penser alors à Victor Mature, cet autre grand golem, tellement émouvant, quand il est bien dirigé... (my darling clementine, la proie, easy living, Ford, Siodmack, Tourneur...)). Barbara Stanwyck est une de mes actrices préférées, pas tellement pour le glamour, je n'ai jamais fantasmé sur elle, l'ai même parfois trouvée carrément repoussante, monstrueuse, car elle osait l'être, mais pour ce qu'elle a apporté à tous ces films qu'on ne pourrait pas imaginer une seule seconde sans elle, une sorte de générosité aussi qui faisait que son énorme talent irradiait son partenaire sans jamais le consumer. Je l'aime, en fait, Barbara, j'aimerais la prendre dans mes bras, et lui dire... Barbara... comme tu es... Barbara... regarde-moi ne serait-ce qu'un instant, pour que j'existe au moins un peu... Tu es monstrueuse, tu es belle, tu me fais peur, tu es tellement douce aussi, fragile, au fond, pathétique, Barbara, tu es malade, pourrie jusqu'à la mœlle, tu es très conne parfois aussi, tu es... Tout... Elle était le contraire d'une star obsédée par son image et qui ramène tout à elle. Je dis ça avec certitude alors que je ne connais pas du tout sa vie, n'ai jamais rien lu sur elle. Et c'est la vérité. Elle a rendu immortel un Fred Mac Murray qui autrement n'aurait été vaguement mémorable que dans des petits rôles. Dans Forty guns, elle est entourée, le plus naturellement du monde, d'acteurs de séries B et sa grande classe illumine leur jeu, ils ne sont jamais dans son ombre. Je n'en vois pas tellement d'autres, des stars hollywoodiennes comme ça. Qu'elle soit avec Gary cooper, un débutant nommé Kirk Douglas, ou un parfait inconnu, elle est grandiose. Avec Fred Mac Murray, c'est encore autre chose, dans ces deux films-là, c'est un vrai couple, tragique, et même fantastique... c'est tellement rare... Barbara et le Golem...

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