mercredi 14 mai 2014

Lech dort. Je l'appelle Lech, même s'il ne s'appelle sans doute pas Lech, car je suppose qu'il est polonais, même si je ne suis pas certain qu'il soit polonais, parce que je me dis qu'il lui faut un nom et que Lech, pour un Polonais, ça sonne bien polonais, un peu comme Jean pour un Français, Lech, donc je l'appelle Lech, un Polonais, mais peut-être pas un Polonais, mais peut-être que si, en tout cas c'est ce que je me suis dit quand je l'ai vu : un Polonais, et j'ai eu besoin alors de lui donner un nom, un nom de Polonais : Lech, pour qu'il ait un nom, qu'il ne soit pas juste un Polonais, s'il s'agit bien d'un Polonais, ou un clodo. Et donc, Lech dort. On l'a trouvé comme ça en arrivant. On s'est demandé au début si vraiment il dormait, s'il n'était pas plutôt mort. Mais non, tu vois bien, j'ai dit à mon collègue, il ne serait pas comme ça, s'il était mort. Mais je me suis quand même approché pour voir s'il respirait. En effet, il respirait, et même paisiblement, il dormait. On n'a pas osé ouvrir la grille, de peur de le réveiller. De toute façon, personne ne vient, dans ce cinéma. On a donc laissé la grille fermée et Lech, appelons-le Lech, a pu ainsi continuer à dormir. Parce que le jour, c'est souvent mieux, pour dormir. On est plus en sécurité, le jour, on risque moins de se faire tabasser et dépouiller quand on dort. La nuit a sans doute été longue, pour Lech. Il cuve, peut-être? Peut-être. Alors on a fait comme d'habitude, c'est à dire pas grand chose. (Deux ou trois spectateurs se sont quand même faufilés.) Dans l'après-midi, on s'est rendu compte que Lech n'était plus là. Alors on a ouvert la grille.

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