dimanche 15 juillet 2012

J'ai fait un rêve perturbant. J'étais arrêté dans la rue par un type qui, sans préambule, voulait me faire nikyo, une torsion du poignet. Je voyais aussitôt qu'il s'y prenait mal et commençais alors gentiment à lui montrer comment briser proprement un poignet. Quelqu'un d'autre survenait, un type qui travaillait parfois avec moi, un collègue projectionniste du temps où j'étais projectionniste, un petit bonhomme timide, constamment mal à l'aise, suant, bourré de tics, qui me suivait comme mon ombre, comme si j'étais son modèle, moi qui donnais l'air de n'avoir peur de rien ni de personne. Je l'aimais bien. Il était gentil. Je le sentais seul et misérable. Il était faible et on profitait en général de sa faiblesse. Petit et grassouillet, ne prenait pas soin du tout de sa personne, sentait souvent un peu mauvais. Et il me suivait, partout où j'allais. Parfois, j'étais obligé de lui dire : là, je vais pisser... Mais je l'aimais bien... Même si parfois il m'agaçait... Je n'aimais pas qu'on le méprise... J'avais envie de le secouer, de lui dire de relever la tête, d'arrêter de se faire marcher sur les pieds, de trembler... Je le trouvais faible, tellement faible, et ça pouvait m'agacer... En même temps, je savais que les choses ne changeraient pas... Donc, dans mon rêve, le petit bonhomme en question survenait. Pour une fois, il se mettait même en avant. Me voyant expliquer comment briser proprement et sans effort un poignet, il s'approchait, voulait reprendre le fil de l'explication, car dans mon rêve il faisait aussi de l'aïkido, était même en quelques sortes mon élève, mon disciple, ce qui n'était pas le cas dans la vraie vie. (L'autre regardait.) Alors, il me saisissait le poignet et commençait sa technique. Moi, son maître, je lui faisais alors remarquer que ça n'était pas tout à fait ça et qu'il s'exposait dangereusement. Il ne réagissait pas. Pour mieux qu'il comprenne, je lui faisais une contre-technique qui lui faisait mordre la poussière, la tête la première. Un peu durement, peut-être. (On me reproche, parfois, d'être un peu dur, quand pourtant j'essaye d'être doux, sauf parfois quand je suis volontairement un peu dur, mais très modérément, pour des raisons pédagogiques : ça ne sert à rien de (me) résister...) En effet, une partie de son visage, tout le front et le nez et un œil, était restée collée au sol. Je comprenais alors que c'était une prothèse, comme celles des gueules cassées de la guerre de 14. Se relevant, courbé, humilié, il ramassait son visage et se le refixait tant bien que mal. J'étais soudain désolé et honteux. Je lui tapotais l'épaule pour le réconforter. Mais je savais bien qu'il avait perdu la face et qu'il aurait beaucoup de mal à s'en remettre. Pour une fois qu'il cherchait à s'affirmer... Je l'avais anéanti, moi, son maître... Avais-je donc quelque chose à prouver?... Que j'étais le plus fort?... J'avais peut-être eu besoin aussi qu'il n'ait plus cette confiance aveugle, totale, canine, en son maître, ce qui m'avait toujours agacé, moi qui n'avais jamais voulu être son maître...

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