dimanche 9 octobre 2011

Vous étiez sublime, dans la fille dans la vitrine, de Luciano Emmer, la grâce absolue, à la fin j'étais en larmes, tellement vous étiez belle, je lui ai dit, les yeux dans les yeux, en guise de préambule. Elle était assise, les jambes croisées, très distinguée et très simple à la fois, dans un canapé dans le hall, un peu en avance, attendant la séance de casque d'or qu'elle devait présenter. Moi aussi, j'étais un peu en avance pour la séance car je devais la lancer et je l'ai vue et je l'ai reconnue et j'ai ressenti alors le besoin d'aller lui dire que je l'avais trouvée sublime et que je m'en souviendrais toute ma vie, une sorte même de pulsion alors que normalement je m'en fous, des acteurs, des gens connus, ils ne me font même aucun effet, ne m'impressionnent pas le moindrement. Personne ou presque ne l'avait remarquée et du coup il n'y avait pas foule, c'est aussi pour ça que j'y suis allé, je me suis assis sur l'accoudoir du canapé, je lui ai dit... Elle m'a regardée, alors et j'ai entendu sa voix, cette voix... Un de mes plus grands souvenirs, m'a-t-elle dit, émue... Elle m'a appris ensuite la mort récente de Luciano, avec qui elle était restée très proche, jusqu'à la fin, elle en avait les yeux tout brillants... Et puis il y avait Lino... Ah Lino... J'en avais oublié Lino, lui ai-je dit, tellement il n'y avait que vous... Quelle belle voix, Marina Vlady... 51 ans après la fille dans la vitrine, elle avait toujours la même voix et elle croisait les jambes pareil... Pendant qu'on discutait, je regardais parfois ses mains, parce qu'elle semblait souffrir un peu de ses mains, un peu d'arthrose peut-être il m'a semblé, elle avait un pouce légèrement déformé et ses poignets étaient un peu enflés... J'étais ému... La fille dans la vitrine, c'était elle, quand même, sublime... Ensuite elle s'est rendue dans la grande salle que j'ai allumée pour elle, avec soin, j'ai géré tout avec douceur et même avec amour, elle a fait son petit discours sur casque d'or, très court car elle avait un train à prendre... Quand elle est sortie de la salle, j'ai attendu un peu avant d'éteindre les poursuites, n'ai pas embrayé brutalement sur le film comme c'est souvent l'usage, ai éteint tout doucement la salle, les poursuites, puis l'écran, puis le reste, ai envoyé ensuite le film...

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